jeudi 21 avril 2011

"Avant d'aller dormir" de S. J. Watson (Sonatine)

Le coucher, c'est le moment le plus redouté de Christine Lucas. C'est la fin de journée mais aussi la fin de tout ce qu'elle a assimilé de sa nouvelle vie. Christine, aux yeux de la médecine est un cas d'école. Suite à un traumatisme, elle s'éveille désormais chaque matin sans aucun souvenir de son passé, elle pense juste être une étudiante se retrouvant dans le lit d'un inconnu après une nuit arrosée, or elle a bientôt la cinquantaine et est bel et bien mariée. Tout une vie s'est écoulée comme un trou noir pour elle.
Depuis peu, un médecin l'aide à l'insu de son mari. Elle ferait des progrès. Leurs rendez-vous sont secrets. Il lui demande désormais de tenir un journal dont il lui rappelle l'existence et l'emplacement par téléphone chaque matin. Ainsi, avant d'aller dormir, elle consigne les évènements de la journée, avec appréhension car elle sait que le lendemain, tout ce qu'elle aura écrit, c'est avec stupéfaction et inquiétude qu'elle le lira.
Au fil des jours, les mêmes égarements, les mêmes interrogations, mais surprise, si elle en croit son journal et ses souvenirs fugaces, les réponses diffèrent. Son mari lui cacherait-il des faits? Lui mentirait-il? Que lui est-il vraiment arrivé? Un accident de voiture? Pire?
Ne pas lire "Avant d'aller dormir" justement le soir sinon la nuit peut s'avérer blanche. L'empathie pour Christine Lucas est immédiate, son journal des plus émouvants et les évènements l'entourant de plus en plus incompréhensibles et inquiétants.

vendredi 1 avril 2011

"Sorry" de Z. Drvenkar (Sonatine)

Berlin, de nos jours. Ils sont 4, Frauke, Tamara, Kris et Wolf. Ils ont la trentaine, se connaissent depuis le lycée et se cherchent encore. Arrive l'idée lumineuse, créer une agence, sans prétention au début mais au concept inédit : s'excuser à la place de ceux qui sont trop fiers ou honteux pour le faire. Ainsi naît Sorry, vous la contactez, lui exposez votre problème, envers qui, et repartez la conscience tranquille, vos affaires peuvent reprendre, ah oui, les particuliers sont refusés. Confidentielle au début, Sorry connaît rapidement un joli succès grâce au bouche à oreille. La bande de copains loue une belle maison dans la banlieue et aménage ensemble, les années de galère semblent loin.
Un jour un nouveau client va tout bouleverser. Tout paraît normal jusqu'au moment des excuses : la fameuse personne ne semble pas en mesure de les recevoir, elle est crucifiée au mur. Panique générale d'autant que le commanditaire exige que son contrat soit respecté (sinon la famille de chacun recevra sa visite que l'on devine tout sauf courtoise) et qu'en prime il leur laisse le soin de s'occuper du cadavre. Ainsi débute un cauchemar sans fin, un contrat en appelant un autre... Seul moyen de s'en sortir? Mener l'enquête pour débusquer cet assassin.
Z. Drvenkar, allemand d'origine croate offre un thriller saisissant autant par l'action que par la narration.
De l'assassin ou des victimes, quel est le plus ignoble? "Sorry" pourrait être un mélange de "Petits meurtres entre amis" (l'humour noir) et "Mystic river" (l'enfance déchue). L'intrique est livrée par petits bouts, pas forcément dans l'ordre, avec des incursions dans le passé, sous des points de vue différents, le narrateur est lui-même observé, tout semble se mettre en place, mais voilà qu'intervient un nouvel évènement et tout est à reconsidérer. A quand un deuxième roman traduit de ce talentueux monsieur?