vendredi 26 août 2011

"Le dernier testament de Ben Zion Avrohom" de J. Frey

Ben Jones vit simplement : il est gardien sur un chantier et habite un immeuble où il est le seul blanc. Il aime boire jusqu'à l'ivresse, fréquenter les call-girls et les prostituées, et jouer aux jeux vidéo. Il a la trentaine et semble bien solitaire. Un jour sa vie bascule : un terrible et inexplicable accident de chantier qui normalement aurait du l'envoyer 6 pieds sous terre bouleverse à tout jamais son existence et celle de tous ceux qui vont le croiser ou le côtoyer.
Jones n'est pas son vrai nom, il est en réalité Ben Zion Avrohom, brebis galeuse d'une famille juive, martyrisé par son père, jeté dehors par son frère, seulement adoré par sa mère et sa petite soeur. De cet accident naîtra un autre homme, souffrant de crises d'épilepsie effroyables, touché par la main de Dieu aux dires de tous, aux propos mystiques, toujours en mouvement, en quête... et si c'était le Messie? Sauf que ses actes sont plutôt inattendus et offenseraient les plus pieux, il honore (au sens biblique) indifféremment hommes et femmes, n'est pas contre l'avortement et crée des communautés genre armée de l'ombre ou l'amour tous ensemble en pleine nature.
James Frey s'est imaginé ce que ferait le Messie débarquant à New-York de nos jours. C'est très irrévérencieux, drôle, caustique, et surtout merveilleusement bien raconté : à plusieurs voix, celles de ceux qui ont croisé le chemin de ce phénomène, chacune avec ses spécificités linguistiques, donnant ainsi au récit des intonations différentes et de la vivacité. Ce roman me rappelle celui de Christopher Moore "L'agneau" (sorti en 2004 chez Gallimard) qui imaginait la vie du Christ entre ses 12 et 30 ans dans un genre déjanté et ébouriffant.

vendredi 5 août 2011

"Hanna" de J. Wright

Hanna est une ado. Elle vit dans la forêt quelque part dans un coin glacial de la Finlande. Elle ne connait la vie qu'à travers les livres et le savoir que son père Erik lui lit et transmet chaque soir. C'est une véritable encyclopédie vivante, elle parle couramment plusieurs langues. Mais sa beauté diaphane est trompeuse, elle chasse pour manger, vise comme un tireur d'élite, se bat avec la force d'un homme et se déplace avec l'agilité et l'endurance d'un ninja.
A 16 ans, elle se sent prête à découvrir le monde, sauf qu'il ne sera pas question de bal de débutante pour elle mais plutôt d'une mission doublée d'une chasse à l'homme. Hanna et son père ne se sont pas isolés du monde par plaisir des grands espaces et envie de retour à la nature, mais parce qu'ils font partie d'un programme de la CIA des plus obscurs et contraire à l'éthique.
"Hanna" est un mélange de genres : thriller efficace avec des séquences de poursuites remarquables et des combats musclés, et quête initiatique avec la découverte du monde réel et les premiers émois de l'adolescence. Le tout rythmé par la musique des Chemical Brothers et illuminé par la beauté de la jeune actrice irlandaise Saoirse Ronan.
"Hanna" est définitivement mon coup de coeur cinématographique de cet été.