dimanche 8 juillet 2012

"Les larmes de l'assassin" de T. Murat (Futuropolis)

A lire une bd par jour, on tombe forcément sur une pépite. Celle là sort du tamis Futurpolis, inspirée d'un roman d'Anne-Laure Bondoux (vite se le trouver), et merveilleusement réinterprétée par Thierry Murat : "Les larmes de l'assassin".
L'histoire se déroule au fin fond du Chili, là où se dresse à peine une cabane tous les cent kilomètres, où la nature demeure hostile, où "même les pierres semblent souffrir". Un enfant y grandit pourtant, Paolo, peut-être 5-6 ans. Ses parents vivotent dans une ferme, avec quelques bestioles et un jardin misérable. Parfois un étranger passe, c'est toujours un évènement, mais la vie triste et monotone reprend dès qu'il s'en repart.
Un jour débarque Angel Allegria, c'est un assassin en cavale, las de fuir. D'entrée il tue les parents de Paolo. Quant au petit garçon, il décide de l'épargner, qui pourrait-il aller avertir? et qui sait, il peut être utile pour cuisiner? Un jour passe, puis deux, les jours se transforment en semaines, en mois, une routine s'établit, cette nouvelle vie sans violence et tentation plaît à Angel, et Paolo l'a adopté. Mais la tranquillité même au bout du monde n'est point éternelle. Un jour arrive un étranger, c'est Luis Secunda, un fils de bonne famille fuyant la richesse familiale, se cherchant encore un but en faisant le tour du monde, et le sud du Chili lui semble idéal. Angel tout d'abord jaloux finit par l'accepter, Luis va apprendre à lire à Paolo et la vie poursuit son son cours au gré des rafales de vent et des pluies glaciales. Mais peu à peu, les bêtes meurent, le jardin aussi et à moins d'aller en ville chercher de nouvelles bestioles grâce à l'argent de Luis, c'est la famine assurée. Ils partent donc tous les trois à Punta Arenas, c'est un périple d'une centaine de kilomètres, mais un retour vers la civilisation ne ramène-t-il pas les vieux démons?
L'histoire du petit Paolo est des plus touchantes, qui pourrait résister à ce môme triste et solitaire, prêt à s'attacher au premier venu sans poser de question, débrouillard et futé, si perdu dans cette nature aussi sauvage que belle? Quant aux planches de T. Murat, elles illustrent l'histoire avec sobriété, le trait est épuré, les couleurs monochromes, le découpage varié, adapté au contexte, un petit bijou d'album.