mercredi 30 décembre 2009

"L'imaginarium du Docteur Parnassus" de T. Gilliam


C'est un peu du grand n'importe quoi le dernier film de T. Gilliam. D'accord la mort en plein tournage d'Heath Ledger n'a pas du arranger les choses, ont alors rejoint pour reprendre son personnage Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrel.
Le scénario est des plus confus. Si j'ai bien compris, un homme, le Docteur Parnassus, monte des spectacles dans son espèce de caravane de l'étrange. Apparemment il a des dons psychiques, qui pénètre dans sa roulotte découvre un monde imaginaire tout droit issu de son inconscient. Ce type étrange a aussi passé un pacte avec le diable : son immortalité contre sa fille Valentina dès qu'elle sera en âge de se marier. Or la demoiselle va sur ses 16 ans et les apparitions du diable commencent à se faire un peu trop fréquentes. Est-ce l'heure du pacte?
Bon, ce que j'ai aimé dans "L'imaginaire du Docteur Parnassus"? Les traversées du miroir et ses mondes oniriques. Tom Waits dans le rôle du diable. Et le délicieux visage de poupée de Lily Cole.

mardi 15 décembre 2009

"Breathless" de Yang Ik-june


Sang-hoon a la violence en lui, il frappe et insulte n'importe qui pour un rien. Son boulot, chef de bande travaillant pour un usurier, alors il cogne, ses collègues, les clients, des gens dans la rue, femme y compris. Il a une soeur qui élève seule son fils, un bambin dérorienté par l'absence paternelle. Et il a aussi un père qui sort de 15 ans de prison et qu'il refuse de voir, faut avouer qu'ils ont un lourd passif : enfant il l'a vu tuer à coup de couteau son autre soeur et sa mère mourir accidentellement. Un jour en crachant il atteint une lycéenne, Yeon-hee, cependant la demoiselle ne manque pas d'aplomb et ils s'insultent copieusement. Sa situation n'est guère joyeuse non plus, la violence, elle connait aussi, son petit frère se prend pour un caïd, la traite comme une moins que rien, et son père victime d'un blessure de guerre perd la tête depuis la mort de sa femme. Peu à peu ces 2 écorchés vifs vont se rapprocher, oh ce ne sera pas une romance avec rendez-vous galant et petit coeur partout, plutôt "j'ignore tes message mais sois là quand j'appelle petite conne". Au contact de la jeune fille, Sang-hoon retrouve un semblant de douceur et de paix. Mais peut-on changer et les autres vous le permettront-ils?
La première demie-heure de "Breathless" est laborieuse, voir quelqu'un frapper et injurier devient vite lassant. Cependant dès sa rencontre avec la lycéenne, le personnage prend de la profondeur, la violence est peu à peu expliquée et tout le reste peut se dérouler furieusement.

vendredi 4 décembre 2009

"The limits of control" de J. Jarmusch


Prêt pour une balade lancinante en Espagne? C'est là que nous entraîne le dernier film de mon bien aimé J. Jarmusch, "The limits of control", dans le sillage d'un lonesome cow-boy, un tueur en fait. Le personnage n'a pas de nom, les traits sculptés d'Isaac de Bankolé, les vêtements d'une gravure de mode et la démarche nonchalante du gars qui poursuit imperturbablement sa mission. Très évasive sa mission, à Madrid, Séville, dans un village andalou, il s'attable dans un café et commande 2 expressos (et non un double) jusqu'à ce qu'un ou une inconnue le rejoigne pour échanger une boîte d'allumettes. Entre 2 rendez-vous, il se perd dans la contemplation de tableaux au musée et pratique le yoga. Sinon il est très minimaliste, dans ses paroles, ses expressions, ses gestes et ne cède pas à la tentation si une jeune femme nue partage quelques jours avec lui. Sa mission et rien d'autre, pour la mener à bien, savoir se contrôler malgré les répétitions, les rencontres étranges et les conversations absurdes.
"The limits of control" est un road movie, très lent, qui nous plonge dans un rêve éveillé, accompagné de la musique hypnotique de Boris (révélation d'un groupe japonais à découvrir absolument). C'est le genre de film qui à chaque nouvelle vision dévoile davantage.

mardi 1 décembre 2009

"Paranormal activity" d'O. Peli


"Paranormal activity" fait tellement parler de lui que ma curiosité en a été chatouillée, et pourtant devant un écran, il n'existe pas de plus trouillarde que moi : genoux repliés au menton, main aux doigts écartés devant les yeux, heureusement j'ai la terreur muette. Vu la tête des spectateurs dans la bande-annonce, je m'attendais à la pire des angoisses. Le souhait d'O. Peli : «Ce que j’ai voulu faire, c’est réaliser un film qui symbolise la tendance du cinéma de genre de la génération actuelle, tout comme on a dit qu’après Psychose, on ne pourrait plus jamais prendre de douche, ou qu’après Les dents de la mer ou Open Water en eaux profondes, on ne pourrait plus nager dans la mer, ou encore qu’après Le projet Blair Witch, on ne pourrait plus camper dans les bois. Je me suis dit qu’on ne pouvait pas ne pas dormir dans sa maison. Par conséquent, si j’arrive à faire en sorte que les gens aient peur de se retrouver chez eux, j’aurai réussi mon coup.»
Et ben non, loupé cher monsieur, même pas peur un seul instant, et je ne pense pas m'être endurcie avec le temps.
Sinon au niveau de la forme c'est intéressant mais déjà vu, à la façon d'un reportage amateur, cadrage chaotique, hyper-réaliste, avec liberté d'improvisation pour les acteurs et tout le suspens en hors-champ. Rien de neuf ni de révolutionnaire.

dimanche 22 novembre 2009

"Mildred Pierce" de J. M. Cain (Gallimard)


Mildred Pierce a 28 ans, mariée à un oisif, 2 enfants et du courage à revendre. C'est qu'il en faut dans l'Amérique des années 30. Pour s'en sortir, elle décide un beau jour de se séparer de son mari, elle fin cordon bleu vivra de sa cuisine. Tout d'abord serveuse, elle vend sa spécialité, des "pies", et observe beaucoup. 2 filles à élever cela en coûtent des dollars, aussi se lance-t-elle dans les affaires en ouvrant d'abord un restaurant, puis un deuxième et un troisième.
James M. Cain nous fait cheminer auprès de sa "Mildred Pierce" durant une dizaine d'années, une tranche de vie marquée par le dur labeur, la souffrance, les sacrifices pour juste quelques instants de bonheur ça et là. C'est que dans l'ombre de la réussite grandit Véda, la fille aînée, une enfant gâtée qui sous des airs d'ange se révèle au fil du temps manipulatrice, méprisante et ambitieuse.
Datant de 1941, c'est un bien magnifique roman que voilà, émouvant portrait de femme et peinture sociale d'une époque en crise.

mardi 17 novembre 2009

"2012" de R. Emmerich


Bien, autant le dire de suite, si vous n'êtes ni riche (même la dernière cagnotte du loto à 7 chiffres ne suffira pas), ni d'une famille puissante, ni d'une intelligente très très supérieure (genre bac + 9), et bien votre existence s'arrêtera en 2012. Et vi, c'est l'année de la fin du monde, les Mayas y croyaient, R. Emmerich aussi. Quel fataliste celui-là, mais il aime le grandiose : si l'homme doit disparaître, ce ne sera pas sans se battre, il a trop de valeurs à défendre (la famille, rien de tel qu'une catastrophe pour ressouder les liens), et une foi inébranlable (c'est un peu une manie de prier quand tout s'effondre).
L'humanité avait déjà beaucoup souffert dans "Le jour d'après", la menace venait du ciel sous forme de cyclones. Dans "2012" elle provient d'encore plus loin, du soleil et de ses irruptions, bizarrement, notre terre n'aime pas du tout et gronde au plus profond d'elle-même. A la surface, c'est le chaos, pas une parcelle n'est épargnée. Mais l'homme (enfin l'élite gouvernementale et scientifique) avait tout prévu pour sauvegarder le meilleur de son espèce...
"2012" dure près de 2h30, les images sont spectaculaires (mais n'est-ce pas le moindre pour un film catastrophe?), c'est pas mal pour se vider la tête car le reste fleure bon la morale américaine et le scénario invraisemblable.

lundi 16 novembre 2009

"Des souris et des hommes" de P-A Bertola (Delcourt)


Jolie découverte : Pierre-Alain Bertola, scénographe, peintre, illustrateur, et parfois dessinateur de bd. Après 2 albums aus éditions Futuropolis, il est de retour chez Delcourt avec l'adaptation du très estimé "Des souris et des hommes" de J. Steinbeck.
Le résultat est franchement magnifique, un crayon fin, de l'aquarelle, et de l'eau pour nuancer le noir en tout plein de gris. Le dessin est subtil et l'ambiance poétique malgré le contexte historique, l'Amérique profonde des années 30, sa société violente et raciste. De plus, P-A Bertola demeure très fidèle au texte, à sa continuité, intercalant des extraits ça et là et c'est avec tendresse que nous suivons l'itinéraire de George et Lennie.

samedi 7 novembre 2009

"Elizabeth Bathory" de P. Croci et F-S Pauly (Emmanuel Proust)


Elizabeth Bathory, une comtesse hongroise du XVI° siècle, avait des moeurs quelques peu étranges. Mariée très jeune et malgré elle à un rustre libidineux heureusement souvent absent, elle préférait la compagnie féminine. Sa beauté fascinait et sa hantise était de la voir se flétrir. Point de crème sophistiquée à l'époque, non, son truc pour ne pas vieillir : suspendre au-dessus de sa baignoire des jeunes filles et se prélasser dans leur sang dégoulinant. Autant dire qu'un tel personnage historique a beaucoup inspiré historiens, écrivains et maintenant dessinateurs.
P. Croci a un faible pour les grandes dames vénéneuses, après "Gloriande de Thémines" et "Lady Tara Cornwall", le voilà qu'il nous offre sa version sur cette comtesse sanguinaire. Il fait un clin d'oeil à son autre personnage favori, Dracula : lors de son voyage retour vers l'Angleterre, le jeune Jonathan Harker se plonge dans la lecture d'un manuscrit donné par une des soeurs de l'hôpital et découvre l'univers décadent et gothique d'Elizabeth Bathory.
L'album est comme d'habitude somptueux, en couleur directe. A noter les doubles pages sur les paysages enneigés, d'une beauté saisissante, auxquelles s'opposent les intérieurs gothiques du château, théâtre de scènes d'une intolérable cruauté.

lundi 2 novembre 2009

"Un prophète" de J. Audiard


En 6 ans, il peut s'en passer des choses dans la vie d'un homme. Malik a 19 ans, il n'a l'air de rien, c'est juste une petite frappe analphabète pas bien méchante. Là il vient d'écoper d'une peine de prison ferme et le voilà derrière les barreaux. Ah l'univers carcéral, ses clans, son code, ses trafics... où le dernier arrivé est jaugé, testé. A la centrale de Brécourt règnent principalement les Corses et les Musulmans ; curieusement ce sont les Corses qui les premiers lui mettent la main dessus, l'enrôlant de force. Il devient leur larbin et sait peu à peu gagner la confiance du parrain. Il est malin Malik, apprend vite et s'il a l'air de se soumettre, c'est pour mieux développer son propre trafic hors les murs et se faire accepter par les Musulmans. En 6 ans le petit malfrat se métamorphose, il est entré jeune délinquant, il ressort caïd.
Telle est l'histoire du "Prophète" de J. Audiard, brute et sans concession, une histoire d'initiation. Un traitement réaliste sans fioriture et une interprétation remarquable. Largement de quoi entrer dans l'Histoire du cinéma.

mardi 27 octobre 2009

"Dracula l'Immortel" de D. Stoker et I. Holt (Michel Lafon)


Donner une suite à un classique est plutôt risqué, les fans trouvent souvent à redire et pas toujours en bien. Cependant là je m'incline, B. Stoker ne se retournera pas dans sa tombe, sauf de joie peut-être à la lecture du roman de son arrière-petit-neveu D. Stoker, "Dracula l'Immortel".
Les héros ont 25 ans de plus et les terribles évènements qui se sont déroulés en Transylvanie ne les ont pas soudé à jamais bien au contraire. Chacun est parti vivre de son côté pour tenter d'oublier. Lord Godalming s'est retranché dans sa demeure. Le professeur Van Helsing est rentré dans son pays. Le Docteur Seward a sombré dans la morphine. Quant aux Harker, leur mariage s'est enlisé, seul leur amour pour Quincey leur fils leur permettre de vivre sous le même toit. C'est que Mina a gardé des traces bien trop visibles de sa rencontre avec Dracula, elle semble conserver une éternelle jeunesse. Quincey ne veut point suivre les traces de son père : son rêve, jouer sur les planches d'un théâtre, son idole, Basarab, le plus charismatique acteur du moment. Le rencontrer ne fait que renforcer sa détermination. Or le directeur du théâtre Lyceum, un certain B. Stoker, a écrit une nouvelle pièce, "Dracula". Qui aurait décidé de rompre le pacte de silence pour faire remonter le passé? D'autant que la mort semble frapper horriblement nos anciens compagnons avec des méthodes rappelant le grand maître des Ténèbres.
D. Stoker et I. Holt nous offrent ici une suite très sombre et désespérée. Personne n'en sortira heureux et indemne. Là c'est vraiment la fin. Et bonne idée, ils répondent à quelques questions laissées sans réponse dans le roman d'origine ( comment se sont rencontrées Mina et Lucy? Mina et Jonathan? les 3 prétendants de Lucy?) en tenant compte des notes de B. Stoker. Ils introduisent également quelques célèbres figures historique comme la comtesse Elisabeth Bathory, Jack l'Eventreur, le détective Frederick Abberline ou l'acteur John Barrymore entre autres. Oui un bel et digne hommage que voilà.

lundi 19 octobre 2009

"Boy A" de J. Crowley


Il a 24 ans et sort juste de prison pour un meurtre auquel il a participé enfant. Ce fait divers avait secoué tout le pays : 2 jeunes garçons assassinant une fillette d'à peu près leur âge. Lors du procès, il était identifié comme le "Boy A". Maintenant, une nouvelle vie s'ouvre à lui, mais le passé le hante toujours et le poids de la culpabilité est harassant. Heureusement il n'est pas seul, Terry, assistant social est là pour l'épauler : il lui trouve une nouvelle ville, un toit pour dormir, un travail. Il sera désormais Jack, qui sort bien de prison mais pour délit mineur (vol de voiture). Lentement, à tâtons, toujours sur le point de vaciller, il va peu à peu découvrir les émois du quotidien qu'il n'a pu vivre lors de son adolescence enfermée : les premiers sous gagnés, l'amitié, les tumultes de la nuit, l'amour... Terry est très fier de cette rédemption réussie, son travail c'est toute sa vie, d'ailleurs sa vie personnelle est un peu terne, il vit avec son fils (du même âge que Jack) qui aime bien s'enliser nuit et jour dans le canapé. Un fils qui aimerait bien que son père s'intéresse plus à lui et que ronge la jalousie. Aussi le jour où par hasard Jack devient un héros pour avoir sauver une petite fille, avec article élogieux dans le journal local...
"Boy A" est une petite merveille terriblement émouvante, tout en délicatesse, sur l'enfance meurtrie, la perte d'identité, la fragilité humaine et le pardon. Images magnifiques, interprétation parfaite, à voir absolument.

lundi 12 octobre 2009

"FlashForward" saison 1, épisodes 1 & 2

Hop-là, voilà du lourd venu d'Outre-Atlantique et franchement les 2 premiers épisodes sont plus que prometteurs. Si vous avez aimé "Lost" et "Fringe", vous allez adorer "FlashForward", adapté du roman de R. J. Sawyer.
Durant 2 mn 17, le monde entier s'endort profondément. Au réveil, c'est la panique totale, et oui, toute vie mécanique s'est poursuivie, les avions se sont écrasés, les voitures ont filé droit devant... Le traumatisme est d'autant plus profond que (presque) chacun a eu une vision de son futur 6 mois plus tard, et connaître le futur peut fasciner comme effrayer. Mark Benford, agent du FBI, se voit en train d'enquêter sur ce black-out, c'est lui et son équipe que la série va suivre.
On connaît le début et ce qui devrait être la fin : mais ce 29 avril 2010 se déroulera-t-il vraiment comme dans les visions de chacun? Peut-on changer le futur? Sans oublier la petite touche fantastique : quel est cet être qui sur une vidéo n'est pas comme tous les autres, endormi?
Côté casting, plein de visages familiers venus entre autres de "Lost", "Urgences", et bien sûr le très séduisant J. Fiennes en agent du FBI tourmenté.

vendredi 9 octobre 2009

"Applaudis lorsque les morts s'animent" de Z. Kovacs (ILV Edition)


Amis de la sf, voici un nouveau venu, Z. Kovacs qui vient de publier son premier roman "Applaudis lorsque les morts s'animent". Il est jeune, de Toulouse et ouvert à toute critique. Il en redemande même. Difficile, ma culture sf est minimaliste.
D'abord son bouquin en tant qu'objet. Un format "empochable" et une couverture séduisante, en noir et blanc, très underground et fidèle à l'atmosphère dans laquelle l'histoire nous plonge. Ne pas hésiter à le retourner, la photo prendra un autre sens.
Le récit maintenant : c'est une plongée dans les bas-fonds d'une ville, à la rencontre de sa faune étrange. On a plus envie de rester dans les hauteurs car en bas, l'environnement est franchement glauque et violent. Ben vi, le futur est plutôt moche. L'homme a été contaminé par un virus, ce virus le transforme en zombie. Les zones encore saines sont protégées par des filets. L'homme n'a plus grand chose de naturel non plus, son corps est implanté de programmes informatiques, plus t'es riche, plus sophistiqués sont les programmes. Et c'est pour quand ce monde meilleur?
Z. Kovacs apprécient modérément les comparaisons, cependant un tas d'images jaillissent à l'esprit : de "Blade Runner" pour l'ambiance sombre et enfumée des rues (d'ailleurs le nom d'un des perso lui rend hommage), et plus recemment de "District 9" et de "La Lignée" pour le chaos et l'impression de no futur. C'est preuve qu'un style particulier se dégage de ce récit, souligné notamment par une brochette de néologismes tout droit dirait-on venus du futur et parfaitement compréhensibles.

mardi 6 octobre 2009

"L'affaire de Road Hill House" de K. Summerscale (10/18)


En juin 1860 s'est déroulée en Angleterre une affaire criminelle qui a secoué tout le pays : le meurtre d'un enfant de la bonne société, Saville Kent, 4 ans, au sein même de la maison familiale. A l'époque ce fait divers fit couler beaucoup d'encre, pas seulement dans les journaux, dans le milieu littéraire également où le genre policier voyait le jour.
K. Summerscale qui a notamment travaillé pour l' "Independant" et le "Daily Telegraph", s'est longuement plongée dans les archives pour nous offrir maintenant "L'affaire de Road Hill House". Elle nous présente plus que les faits, elle dépeint aussi toute la société victorienne et nous ouvre les coulisses d'une grande maison, exposant au grand jour son linge sale. Et elle met en avant un nouveau type de personnage promu à un bel avenir : le détective. Ici Jack Wicher, membre de la nouvelle section d'investigation de Scotland Yard, et qui va par ailleurs inspirer le sergent Cuff de la "Pierre de lune" de W. Collins.
"L'affaire de Road Hill House" est très intéressant pour son parallélisme entre histoire vraie et histoire littéraire, en revanche, côté suspense, cela manque un peu de palpitant. Plutôt à lire avec une tasse de thé qu'avec un whisky sec.

jeudi 24 septembre 2009

"La lignée" de G. del Toro et C. Hogan (Presses de la Cité)


Beaucoup d'encre dégouline déjà sur le roman "La lignée" co-signée G. del Toro et C. Hogan, premier volet d'une trilogie sur les vampires. Et ben franchement ça va être dur d'aller jusqu'au bout, y'a du pire comme du meilleur là-dedans. C'est un peu une lutte entre réalisateur et écrivain, et pour l'heure, cela ressemble plus à un scénario qu'a une oeuvre littéraire : pas de style, plutôt une succession d'images gore.
Passons au meilleur : la figure du vampire. Ado fleur bleue, retournez aux bouquins de S. Meyer.
Le vampire est ici tout sauf romantique et esthétique. Il vient de la nuit des temps, de l'Ancien Testament. A l'origine y'avait 7 maîtres, 6 se sont partagés l'Ancien et le Nouveau Monde, et le 7ème décide d'aller semer la terreur en Amérique de nos jours. Le bâteau étant un tantinet désuet et lent, il embarque son cercueil par avion. Ainsi débute "La lignée", comme une énigme à la "Fringe" : un Boeing atterrit, hublots fermés, communication coupée. Une équipe spécialisée dans les risques bactériologiques ne découvre que 4 survivants fort mal en point. Ils semblent rongés par un virus métamorphosant leur métabolisme. Les jours suivants, tous les cadavres disparaissent des morgues. Et de plus en plus de disparitions sont signalées. S'ensuit une course poursuite et des scènes de carnage dignes des séries B.
On découvre des vampires très proches des zombies et ils n'ont ni charisme ni canines acérées mais une espèce de langue extrèmement longue et pointue pour pomper le sang des victimes. Et le sang une fois infecté devient d'un blanc laiteux. Mais restera-t-il assez de survivants pour encore 2 volumes?

mardi 22 septembre 2009

"Night train" de B. King


A quelques jours de Noêl se déroule dans un train de nuit un conte mais pour adulte. C'est un train du style Orient Express, en moins luxueux mais avec son petit air vieillot, son wagon restaurant, son wagon salon, ses cabines couchettes et son chef. Lors d'un arrêt monte un homme, sans billet, qu'importe, y'a de la place, ce n'est pas le monde qui se bouscule, pour le moment on a vu qu'un représentant en assurance bien éméché, une jeune étudiante en médecine, une vieille dame à son chien-chien et 2 touristes asiatiques.
Ce nouvel arrivant monte dans le wagon du représentant et de la jeune fille et meurt d'une overdose de médicament et d'alcool. Or il tient dans ses mains une étrange boîte en bois. La curiosité étant un vilain défaut bien connu, chacun y regarde à travers et cherche à la convoiter. La nuit tranquille se transforme alors en une espèce de compétition à qui aura la boîte au trésor (plutôt une boîte de Pandore), chacun révélera son vrai visage et on apprendra qu'il vaut mieux se méfier de la blondeur angélique.
Huis-clos donc, avec de très jolies images façon conte de Noêl et notamment une scène de découpage de corps à la fois drôle et horrifique.

mardi 15 septembre 2009

"Public enemies" de M. Mann




John Dillinger, c'est l'Amérique des années 30, les difficiles lendemains de crise, le grand banditisme car oui le monsieur adorait s'évader de prison, piller des banques, mener la belle vie et jouer au chat et à la souris avec le tout beau tout neuf FBI. Gentleman braqueur, romantique dans ses amours et nerveux de la gâchette, voilà le personnage historique sur lequel se penche M. Mann.
"Public enemies" retrace seulement les dernières années de cette figure légendaire. Outre son histoire d'amour, le film se focalise sur la traque du FBI, les nouvelles techniques d'investigation et la tenacité de Melvis Purvis.
M. Mann dépoussière à merveille le film de gangster grâce notamment à l'utilisation de la caméra HD. L'ambiance d'époque est minutieusement reconstituée et le thème (la crise) toujours d'actualité. Joli film, beau casting, un bon moment à passer, mais rien de révolutionnaire pour autant.


mercredi 9 septembre 2009

"Vendetta" de R. J. Ellory (Sonatine)


Décidément je suis une fidèle des éditions Sonatine. Encore un thriller dévoré en quelques heures nocturnes : "Vendetta", le deuxième roman traduit de R. J. Ellory.
Tître évocateur, l'auteur nous amène dans le milieu. Ernesto Perez, malgré ses origines cubaines, s'est fait une solide réputation de tueurs à gages au service de la Cosa Nostra. Pour l'heure, c'est en Louisiane qu'il oeuvre, point d'assassinat mais l'enlèvement de la fille du sénateur Charles Ducane. Surprise, il se livre lui-même au FBI et marchande : il révélera le lieu de détention de sa captive en échange de quelques séances de confession avec la personne de son choix, Ray Hartman, un enfant du pays parti vivre à New-York. Pourquoi cet homme-là? Personne ne sait, encore moins l'intéressé. Et c'est tout un pan de l'histoire de la mafia qui nous est compté. Ernesto Perez est détestable et dangereux, mais il fascine : il se voue corps et âme pour une famille qui n'est pas la sienne, qui ne le vengera pas en raison de ses origines étrangères, mais le jour où il fonde un véritable foyer, le mot famille prend tout son sens. A laquelle rester fidèle?
R. J. Ellory alterne moment de confession et action présente, ne pas oublier que la vie d'une personne est en jeu pendant qu'Ernesto Perez prend un tranquille et vicieux plaisir à raconter sa vie. Bien sûr, on s'en doute vite, passé et présent sont intimement liés, mais la lecture n'en est pas moins captivante jusqu'aux dernières pages.

vendredi 4 septembre 2009

"The hurt locker" de K. Bigelow



"The hurt locker" marque le grand retour de K. Bigelow dans les salles obscures. Ne comprenant pas grand chose à la diplomatie internationale, le film de guerre n'est pas mon genre préféré, mais là y'a de quoi rester scotché au fauteuil. L'action se déroule en Irak, et nous suivons une unité de démineurs menée par le sergent William James, une espèce de casse-cou accro à l'adrénaline.
C'est traité de manière extrèmement réaliste (mais pas brouillonne façon reportage caméra à l'épaule, et donc chaotique), les 4 caméras filmant en simultanée nous plongent au coeur de l'action, dans la chaleur infernale d'un Bagdad dévasté, du désert, dans le suspense d'un boum imminent. Et la bande son est impressionnante : dans le lourd silence de l'attente, le mondre bruit est amplifié et joue avec les nerfs.
"The hurt locker" parle de la guerre d'Irak, mais sans théorie sur la présence américaine dans ce conflit, sans propos moralisatuer sur le bien et le mal, il s'attache essentiellement à montrer des hommes largués en pleine chaos, frôlant la mort à chaque instant.
Retour réussi Mme Bigelow!

jeudi 3 septembre 2009

"Le chant du bourreau" de N. Mailer (R. Laffont)

Gary Gilmore, né le 4 décembre 1940 et exécuté le 17 janvier 1977, une vie plutôt brève et essentiellement passée derrière les barreaux.

En 1980, N. Mailer en fait le personnage central des 1200 pages et quelques de son "Chant du bourreau", un ouvrage de "journalistic fiction" comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, un pavé magistral dans la lignée du "De sang froid" de T. Capote.
Provo, petite ville non loin de Salt Lake City, tranquille, avec une population à majorité mormonne. C'est là que vit la famille de Gary Gilmore. Justement le voilà de retour, après 13 ans de prison. Tout est réuni pour un retour à une vie normale, un toit, un travail, mais les barreaux, ça bousille un homme. Gary brûle sa liberté par les 2 bouts : il boit, il vole, il ment, seule embellie, il tombe amoureux de Nicole, 19 ans, un passé amoureux tumultueux, 2 enfants. C'est Je t'aime Moi non plus avec grands étreintes, grands cris et gros coups. Mais un jour il tue, 2 hommes en 24 heures. Retour en prison. Procès. Peine de mort. Et tout un battage médiatique pour le sauver, obtenir un sursis. Mais quitte à passer le restant de ses jours enfermé, loin de Nicole, Gary préfère mourir, il choisit d'ailleurs le peloton d'exécution. Ses derniers mots : "Let's do it".
Dans sa manière de retracer cette triste histoire N. Mailer est extrèmement minutieux et réaliste. La personnalité de Gary Gilmore est dévoilée par touches précises, un élément de son existence par-ci par-là. De même pour les autres personnages.
Le plus triste, c'est la dernière partie, quand tout le monde s'agite autour de Gary soi-disant pour le sauver. Certains le veulent vraiment, mais d'autres voient plutôt la couleur des dollars : plus il y aura de sursis, plus les avocats gagneront de l'argent, plus il y aura de suspense, plus les journalistes vendront cher leurs articles, plus les producteurs de cinéma en tireront un bon film à faire pleurer les chaumières... Et dire que Gary avait tué pour quelques billets.

mardi 1 septembre 2009

"Antichrist" de L. Von Triers


C'est sûr, "Antichrist" de L. Von Triers ne peut laisser indifférent, à moins d'être un cyber robot. L'histoire en elle-même est tragique : à la suite de la perte de leur enfant, un couple part se réfugier dans un chalet en pleine montagne pour soigner ses blessures béantes. Le mari étant psychothérapeute, il pense pouvoir aider sa femme, et ben non, ne jamais exercer ses talents professionnels sur un proche, l'issue en est fatale. Le lieu-dit se nomme Eden, autant dire qu'il va se transformer en enfer.
Durant tout le film, soit on est scotché au fond du fauteuil par l'onirisme des images : scènes filmées au ralenti, sobriété du noir et blanc pour tout le début ou douceur des couleurs ensuite, beauté inquiétante des arbres. Soit on se tortille de malaise face à la folie destructrice de cette femme-mère à la voix si douce et éraillée mais aux actes d'une si grande violence. La performance de C. Gainsbourg et de W. Daffoe est par ailleurs impressionnante.
"Antichrist" est une curiosité, avec tout l'inconscient tortueux de L. Von Triers (des messages psy et religieux plutôt obscurs), peut-être malsaine et dérangeante pour les âmes sensibles mais à découvrir au moins une fois.

lundi 24 août 2009

"Inglorious Basterds" de Q. Tarentino



Cool, l'attente a pris fin, j'ai enfin vu le dernier Tarentino, le si attendu "Inglorious Basterds". Belle déclaration d'amour au cinéma, à tous les cinémas, avec un casting international (la règle étant de choisir un acteur collant à la nationalité de son personnage), et un hommage à plusieurs genres, le film de guerre, d'espionnage et surtout le western.
"Inglorious Basterds" est une uchronie : point de départ la France durant la 2de Guerre Mondiale, point d'arrivée la fin du conflit, avec pour chemin la traque du nazi par une bande de soldats américains tous plus dingues et bouchers les uns que les autres.
La séquence d'introduction, 20 minutes de grand cinéma, un moment d'anthologie, hommage au western, sous la partition d'Ennio Morricone. La ferme remplace le ranch. Une famille, un père et ses 3 ravissantes filles. Un cadre champêtre paisible où débarquent un colonnel SS et ses sous-fîfres. C'est le tristement célèbre Hans Landa, le "chasseur de juifs" qui soupçonne le fermier d'abriter la famille Dreyfus. A raison d'ailleurs. L'échange entre les 2 hommes est un véritable duel, très courtois en apparence, avec moult formules de politesse et compliments, pas un mot plus fort que l'autre, mais les regards ne trompent pas, l'un sait qu'il ne s'est pas déplacé pour rien, l'autre sait qu'il va craquer et que tout va finir en concert de mitraillette. On pense inévitablement à l'ouverture d"Il était une fois dans l'Ouest".
Hommage au 7ème Art aussi : aux grands réalisateurs et aux films d'époque dans le jeu du "qui suis-je?" se déroulant dans la taverne où sont censés se rencontrer les Basterds et leur contact espion. Et surtout hommage par le décor : l'action clef du film doit se dérouler dans un petit cinéma de quartier, lors d'une avant-première à laquelle toute la crème nazie assistera.
Sinon on retrouve dans "Inglorious Basterds" tout ce qu'on aime chez Q. Tarentino : découpage du film en chapîtres, flashback, longs dialogues, scènes d'action orchestrées comme un ballet. Et la musique, beaucoup moins rock que d'habitude (à part le morceau "Putting out the fire" de D. Bowie), notre enfant terrible du cinéma est allé déterrer des morceaux préexistants d'E. Morricone entre autres.
On est trop content de retrouver Q. Tarentino, mais "Inglorious Basterds" n'a pas l'impact qu'a pu avoir à l'époque "Reservoir dogs", "Pulp fiction" ou "Kill Bill".

mardi 18 août 2009

"District 9" de N. Blomkamp


Très intéressante la dernière production de P. Jackson : "District 9" réalisé par un N. Blomkamp, vivant au Quebec mais né en Afrique du Sud. De là provient une des grandes originalités de ce film de sf : l'action se déroule à Johannesburg et un quartier de Soweto a servi de lieu de tournage.
"District 9" est une uchronie : voilà bientôt 30 ans des extra-terrestres ont débarqué sur Terre non pour la coloniser mais pour y chercher refuge. Ne sachant trop quoi faire de ces étrangers, les autorités les parquent dans un coin de Johannesburg, renommé District 9 qui ressemble fortement à une espèce de ghetto où règnent violence et misère. C'est une société privée, la MNU, qui doit gérer ces créatures, mais elle se soucie bien plus de leur technologie que de leur bien-être. Or un jour un de leur agents de terrain, Wikus van der Merwe, entre en contact avec un fluide alien qui va peu à peu modifier son corps, la clef pour fusionner ADN alien et humain est-elle enfin trouvée? Pauvre Wikus, traqué, affolé, ne sachant ce qui lui arrive, son seul refuge semble bien être l'enfer du District 9.
Autre originalité : le traitement cinématographique de l'histoire. D'une part des scènes de narration dramatique pour compter les mésaventures de Wikus, et d'autre part des images façon documentaire, avec interview des représentants de la MNU, extraits de reportages et de journaux télévisés. Le tout donne l'impression de naviguer entre fiction et réalité, surtout réalité.
Les extra-terrestres sont plutôt laids, le héros n'est pas charismatique, mais on se laisse vite engloutir par l'ambiance étouffante et apocalyptique, c'est gore et efficace.

vendredi 14 août 2009

"Les miroirs de l'esprit" de N. Spinrad (Folio)


Voilà un roman avec lequel N. Spinrad n'a pas du se faire que des amis, notamment dans le milieu des sectes. Daté de 1980, il sera toujours d'actualité.
Jack Weller est réalisateur pour un émission enfantine qui étouffe plus son talent qu'autre chose. Ah Hollywodd et son star système, heureusement il a une belle maison et une femme sublime, Annie, dont il est raide dingue des années encore après leur mariage. Mais voilà, un jour Annie le quitte pour suivre les préceptes de vie du Transformationalisme, une secte développée par un obscur écrivain de science-fiction, John B. Steinhardt (alors si ça ça ne fait pas penser à la Scientologie!). Désespéré, Jack après s'être aperçu que nul ne voulait s'y frotter, ni les autorités ni les avocats, décide d'infiltrer ce milieu opaque pour récupérer l'amour de sa vie. C'est le début d'une descente aux enfers.
Ce qui fait peur dans ce roman, ce sont les mécanismes finement décortiqués pour conditionner une personne et son âme, lui faire perdre son identité et l'engloutir dans un système totalitaire. Même les plus forts peuvent se laisser prendre au piège.

mardi 4 août 2009

"Guignol's band I et II" de Céline (Folio)


Troisième roman de ce ci controversé Céline, "Guignol's band" est tel que son tître l'indique : la description décousue d'une bande de zozos dans le Londres des années 1915-1916. Nous sommes dans les bas-fonds, avec toute sa clique de personnages peu reluisants, maquereaux, prostituées, tous venus se réfugier en Angleterre en attendant que les temps se calment. Et au milieu, le réformé Ferdinand...
A part cela, pas d'action, si ce n'est que le héros tombe amoureux d'une adolescente bien délurée, Virginie à la cuisse brune (et légère), et va largement au-delà de ce que la loi aujourd'hui autoriserait. Sinon l'interêt se situe dans l'écriture : fini la phrase classique, le signe de ponctuation est roi et prétexte à n'en achever aucune. Cela donne un style frénétique, haché, plus intéressant à lire à voix haute et terriblement fatiguant parfois. On peut sauter quelques pages, faire des allers-retours, pas de différence. Peut-être est-ce un fidèle reflet de l'esprit tourmenté de l'époque. Perso, je préfère nettement "Voyage au bout de la nuit".

vendredi 31 juillet 2009

"The Philanthropist" saison 1 épisodes 1 & 2

Teddy Rist est un riche homme d'affaires, son compte en banque a tout plein de zéro, son image s'étale dans les magazines people, quelqu'un de superficiel pourrait-on penser. Mais sa vie privée est un désastre : son mariage n'a pas résisté à la perte d'un enfant, suit un divorce douloureux.
Tout change un jour : lors d'une tempête, il sauve une petit nigérien. C'est comme une révélation, il va devenir philanthrope, mieux vaut dépenser ses dollars en dons humanitaires qu'en soirées jet-set. Mais avec son fort caractère, signer des chèques n'est pas suffisant, il veut donner de sa personne, se déplacer lui-même dans les coins les plus inaccessibles, voir de ses yeux la misère du monde. Et il va en baver pour faire le bien. Chaque épisode semble nous conduire dans un pays différent, au Niger d'abord puis en Birmanie.
Toute la série repose sur la composition de J. Purefoy, charmeur, beau parleur, téméraire. Bon début donc pour le nouveau projet de T. Fontana.

mardi 14 juillet 2009

"Le monde de Misaki T1" de Y. Iwahara (Delcourt)


En voilà un bien joli shônen, "Le monde de Misaki" qui vient de paraître chez Delcourt. C'est frais, mignon et pas si guimauve que ça.
Misaki et son papa emménagent à Hohoro dans la maison familiale. Pas de maman, elle est morte. Début d'une nouvelle vie, avec de nouveaus amis à se faire. Un soir, de retour de l'école, elle découvre une étrange créature aquatique, une espèce de bébé Loch Ness, et oui le Japon a aussi ses légendes. La bestiole se prénomme Nio et se métamorphose en ravissant bambin de 10 ans si on l'embrasse, pour revenir à sa forme d'origine au contact de l'eau. Cette rencontre va changer la vie de Misaki, les souvenirs de son enfance remontent peu à peu.
Premier volume prometteur, encore 2 à suivre, avec un dessin absolument charmant et des personnages attachants, par l'auteur de "Nekoten" et du "Roi des ronces".

lundi 13 juillet 2009

"L'attaque du métro 123" de T. Scott


Les transport en commun c'est pas toujours la joie, et ce jour là, prendre le métro à New-York n'était pas la meilleure chose à faire. Un gang prend en otage une rame du Pelham 123 et réclame au maire une rançon astronomique. C'est un simple employé, un répartiteur, qui jouera les négociateurs.
Remake des "Pirates du métro" de J. Sargent de 1974, "L'attaque du métro 123" est signé T. Scott. Il retrouve ici D. Washington auquel il oppose J. Travolta. Pour le montage, il reprend le principe de "24 heures", un compte à rebours en temps réel. Malgré tout cela, et un bon choix pour les seconds rôles (J. Torturro et J. Gandolfini), ce n'est qu'un film d'action parmi tant d'autres, pas ennuyeux mais pas exceptionnel non plus, dommage.

vendredi 10 juillet 2009

"Coraline" d'H. Selick


A l'origine un roman de N. Gaiman (qui se sentait coupable de délaisser ses filles pour ses écrits), en voici une adaptation en animation stop motion, née des doigts patients et magiques d'H. Selick. Et ben c'est trop trop mignon, un conte de fée tour à tour enchanteur et terrifiant, avec sorcière et bambins innocents.
Coraline n'est pas ravie de sa nouvelle vie : ses parents viennent de déménager dans une étrange maison perdue au milieu de nulle part. Tout à leur travail, elle est livrée à elle-même : curieuse, elle fait connaissance avec les autres locataires un brin excentriques et explore la vieille bâtisse. Miracle, elle découvre une minuscule porte secrète, hélas murée mais qui au hasard de la nuit s'ouvre sur un passage souterrain. Bien entendu, Coraline y entre et débouche sur un monde au premier abord merveilleux : c'est la copie de son quotidien mais tout en couleur, avec des parents attentionnés, des voisins drôles et un jardin luxuriant. Mais ne pas se fier aux apparences, traverser le miroir n'est pas gratuit.

lundi 6 juillet 2009

"L'âge de glace 3 Le temps des dinosaures" de C. Saldanha


Rien de tel que la fraîcheur d'un bon film d'animation par ces journées torrides, et c'est parti pour retrouver toutes les bestioles de "L'âge de glace". Le clan hétéroclite évolue et menace de se séparer : Manny et Ellie vont être parents, ce qui poussent les autres à leur laisser un peu d'intimité, Diego a envie d'aller voir ailleurs mais les années commencent à peser sur instinct de chassseur. Quand à Sid, lui aussi veut fonder une famille. Et ne voilà-t-il pas qu'il tombe sur des oeufs, énormes, et personne à l'horizon : avec son grand coeur d'artichaud, il pense pouvoir élever les 3 bébés dinosaures. Hélas, ce n'était pas des oeufs orphelins, maman dinosaures récupèrent les siens, et Sid au passage, pour les ramener chez eux, dans un monde perdu et souterrain. Débute alors une folle aventure pour sauver l'imprudent. Manny, Ellie, Diego, sans oublier Eddie et Crash pénètrent dans un univers préhistorique avec pour guide un nouveau venu, Buck la fouine, mi-aventurier mi-pirate sans peur et sans reproche. Cela va à 100 à l'heure, c'est toujour aussi drôle, et en intermède on retrouvre Scrat toujours à la poursuite de son gland, avec une diversion amoureuse en prime.

vendredi 3 juillet 2009

"State of play" de K. McDonald


Le film débute sur une jolie brune. Scène du quotidien, elle attend le métro parmi la foule. La rame arrive, fondu au noir, drame, elle meurt écrasée. Suicide veut-on nous faire croire, mais d'instinct nous savons que non. La jeune femme travaillait (très très étroitement) avec Stephens Collins, un membre du Congrès en pleine ascension qui ne peut croire à son suicide. Or il a un vieil ami journaliste travaillant au Washington Globe, Cal McAffrey qui sait fouiner comme personne. Pressé par sa rédactrice en chef et assisté par une débutante enthousiaste, Cal McAffrey va plonger dans les noirceurs de la politique, avec les ingrédients sulfureux habituels, sexe, entreprises privées, gros sous...
Pas de mise en scène spectaculaire, on est plutôt dans l'ambiance des films des années 70. Etre journaliste, c'est avant tout faire des recherches, se documenter, passer des heures et des heures dans les archives, courir cela vient après : la salle de rédaction du Washington Globe, inspirée de celle du Washington Post, reflète bien ce côté studieux. "State of play" est un bel hommage au journalisme d'investigation.

lundi 29 juin 2009

"Transformers" de M. Bay, le 1 et le 2


Trop chaud pour sortir, donc petite séance ciné avec les gros bébés de M. Bay, "Transformers", les 2 dans la foulée. Aïe aïe aïe, j'en ressors achevée. C'est d'un ennui abrutissant. Certes les effets spéciaux sont saisissants, grande prouesse technique, numérique, mais tous les dollars semblent avoir servi pour payer les génies de l'informatique, aucun ne semble avoir rempli les poches d'un scénariste en chair et en os. Même pas envie d'esquisser l'idée de départ. Tout n'est que débauche de scènes de batailles, de destruction. Dans le second volet, on part faire un tour en Egypte et en Jordanie, les trésors de l'humanité sont bien malmenés, les Transformers règlent leurs comptes du haut des pyramides et dans Pétra, franchement ça fait mal au coeur. Puis c'est tellement long que par moment on s'endort, et au réveil, ils se battent toujours. Bref, c'est la cata, mais je puis comprendre que les ados aient adoré.

mercredi 24 juin 2009

"Le cercle du silence" de D. Hepburn


Les vacances approchent, temps des lectures faciles, rien de trop compliqué car un rien ne déconcentre au bord de la plage, les bikinis joliment portés, les cris joyeux des bambins en extase devant un tas de sable... Et bien j'ai trouvé le bouquin idéal : "Le cercle du silence" de D. Hepburn, du moins pour les amateurs de thriller politique.
Frank Moldair a un métier rentable, proxénète, mais aussi une conscience : quand on lui demande de fournir des gosses de 10 ans pour des soirées très privées et chaudes, il décide de parler et se livre aux Services Spéciaux, mais sa spontanéité n'est pas vraiment prise au sérieux. Néamoins, son récit dérange et il est retrouvé "suicidé" le soir même. Commence alors pour Clarke Foster, le seul agent l'ayant cru, une dangereuse enquête dans les hautes sphères du pouvoir. Espionnage, gadgets, nouvelles drogues de synthèse, contre la montre... Le récit est bien rythmé, dans un style très cinématographique avec alternance d'actions simultanées et des personnages qui savent se dépasser dans les situations extrèmes. Un bon pavé de plage et rien d'autre.

vendredi 12 juin 2009

"The Eternal" de Sonic Youth

Youpi, me revoilà accro aux Sonic Youth que j'avais un tantinet abandonné depuis quelques albums, préférant réécouter leurs bons vieux classiques. Je m'ennuyais un peu lors de leurs dernières improvisations expérimentales. Là dans "The Eternal", ils se recentrent sur le rock de leurs débuts, avec des riffs toujours aussi puissants, et la voix de Kim Gordon, ah, on se damnerait pour elle! C'est trop bon qu'ils reviennent aux sources.

mercredi 10 juin 2009

"The E.N.D" de Black Eyed Peas

Après quelques années d'absence, les 4 sales gosses des Black Eyed Peas collaborent à nouveau pour offrir "The E.N.D" soit "The Energy Never Dies". Pas faux ce tître. Chacun a pris le temps de se ressourcer dans des projets personnels, puis direction le soleil d'Ibiza et rencontre avec quelques DJ de la fête facile (dont David Guetta , et vi lors de nuits bien artificielles, on se promet de travailler ensemble et le jour venu, si on a une parole d'honneur, on la respecte, quel que soit le résultat).
Voilà un album gonflé à bloc, festif, éloigné du hip hop d'origine, influence très électro (la pochette est on ne peut plus claire là-dessus) et pop. "I want to dance" clame l'exubérante Fergie, et bien "The E.N.D" n'est fait que pour ça. Et à noter dans une version de luxe un deuxième CD de reprises remixées, mieux que les nouveaux tîtres.

lundi 8 juin 2009

"Le verdict du plomb" de M. Connelly


Un M. Connelly, c'est toujours quelques heures de lecture qui passent trop vite sur en moyenne 2 jours ou 2 nuits, et "Le verdict du plomb" ne fait pas exception. En prime, il réunit 2 personnages de son répertoire : l'avocat Mickey Haller de "La défense Lincolm" et ce cher inspecteur Harry Bosch. Policier judiciaire cette fois-ci donc.
Remis de ses mésaventures de "La défense Lincoln", Mickey Haller est fin prêt à revenir dans les tribunaux, cela tombe bien, il hérite du cabinet de son ami Jerry Vincent, tout juste assassiné, et de ses affaires dont la très médiatique défense d'un gros producteur d'Hollywood, accusé d'avoir tué sa femme et son amant. Ah les sombres histoires de sexe!
L'avocat se retrouve soudain submergé, il lui faut vite se mettre au courant, faire le tri dans les dossiers, en référer à la Juge en chef qui l'attend au tournant, sans compter qu'Harry Bosch fait son apparition, lui faisant prendre conscience que sa vie est également en danger. Etrange leur rencontre, pas franchement dans la cordialité mais peu à peu un respect mutuel s'installe. L'inspecteur n'a pas la vedette ici, il semble toujours surgir de nulle part, et ressemble à un cavalier solitaire, ipod dans les oreilles. Heureusement, Mickey Haller sait s'entourer : il est assisté par une équipe de choc, l'occasion de croiser une poignée de personnages secondaires fort attachants.
M. Connelly nous amène dans les méandres du droit américain, de l'enquête au procès, en passant par la constitution du jury, primordiale. Le chemin est minutieux comme une investigation policière, les coups les plus tortueux sont permis, ah la quête de la vérité frôle parfois dangereusement l'illégalité.

vendredi 5 juin 2009

"Anges et Démons" de R. Howard


On reprend les mêmes et on recommence : R. Howard et T. Hanks s'associe à nouveau pour délivrer la première aventure de R. Langdon "Anges et Démons". Je m'attendais au pire après le sombre "Da Vinci code", et bien non, c'est mieux bien que ce ne soit pas un chef-d'oeuvre non plus. Peut-être parce qu'a été occultée la révélation finale fracassante et abracadabrante que D. Brown avait pondu dans son roman au sujet du Pape défunt.
Cette fois-ci tout se déroule à Rome et au Vatican. Mention spéciale d'ailleurs au travail de reconstitution en studio car bien sûr tout n'a pu être tourné sur les lieux réels. Le Pape a poussé son dernier soupir, c'est le temps du conclave mais certains ont envie de frapper un grand coup en détruisant la cité papale. Et ces méchants ne sont pas ordinaires, ils sortent de la nuit des temps et emploient une arme des plus dangereuses, de l'antimatière volée au CERN ; un seul homme peut comprendre leurs symboles : le professeur Langdon. S'ensuit un contre la montre dans les rues et édifices religieux de Rome etc, etc.
Le film se veut un mélange de "24" et de la trilogie Jason Bourne (et oui, un troisième opus est prévu, d'après le nouveau D. Brown à sortir en septembre aux Etats-Unis), à un rythme bien moins effréné.
La bonne surprise, c'est E. McGregor dans le rôle du camerlingue : son personnage à lui seul illustre parfaitement le tître du film, un visage d'ange mais un esprit démoniaque.

jeudi 4 juin 2009

"Battle for the sun" de Placebo

Revoilà Brian Molko et ses potes après 3 ans d'absence et quelques forts changements : nouveau label, autre batteur et longs cheveux noirs. "Battle for the sun" marquerait-il une transition?
La première écoute n'est pas désagréable, la voix de B. Molko toujours reconnaissable entre mille, néamoins l'album en général me semble assez uniforme, aucune chanson ne se démarque vraiment. Mais bon, c'est bien que Placebo après quelques turbulences presque fatales se reconstruise et revienne nous chauffer les oreilles.


mardi 2 juin 2009

"Au-delà du mal" de S. Stevens (Sonatine)


Encore une belle découverte des éditions Sonatine, "Au-delà du mal" de S. Stevens, un mystérieux écrivain qui après 5 romans replonge dans l'anonymat. Celui-là a été écrit en 1979. Mais dans quel tiroir d'éditeur étranger se cachait-il toutes ces années? Bien, Sonatines l'a déniché, et voilà quelques heures de lecture prenantes, haletantes et puissantes.
Tout débute aux Etats-Unis dans les années 50. Une jeune femme, Sarah Bishop se fait violer. Enceinte et honteuse, elle se marie au premier venu pour légitimer cet enfant du malheur : ainsi vient au monde Thomas Ôwens, puis Thomas Bishop à la mort de son mari. L'enfant, maltraité, est retrouvé un jour de ses 10 ans auprès du cadavre de sa mère : il l'a assassinée, l'a regardée brûlée dans le poêle et a commencé à la manger. Direction l'asile psychiatrique où durant 15 ans, il va se forger une personnalité des plus dangereuse, dupant tout le personnel, préparer une évasion et un avenir des plus meurtriers. Hannibal Lecter à côté, c'est un amateur.
Parvenu à ses fins et libre dans l'Amérique des années 70, ayant appris tous les moyens de se cacher par la télé, son parcours ne sera qu'une gigantesque chasse à l'homme, jonché de cadavres bien gore, trop pour se compter sur tous les doigts de mains et de pieds réunis. Ses proies? Que des femmes, il les voudrait toutes mortes sans exception, seule sa mère si pitoyable et pourtant sa première victime ne trouve grâce à ses yeux.
Ce sérial killer va mobiliser bien des gens, des journalistes aux policiers en passant par les hommes politiques et les mafieux. Mais il fait preuve d'une telle intelligence que le démasquer et l'attraper prendra de longs mois.
Le récit est extrèmement minutieux, s'attardant longuement sur les nombreux personnages. Le lecteur pénètre dans l'esprit de chacun d'eux. Plus de 700 pages magistrales.

jeudi 28 mai 2009

"The High End of Low" de Marilyn Manson

Retour de mon espèce d'épouvantail préféré, Marilyn Manson. 40 ans l'énergumène maintenant, et pas mal d'albums pour faire peur aux mamans, fasciner les ados goths et régaler certains fans de musique qui déménage. Voilà le nouveau, "The High End of Low", bonne nouvelle son vieux pote Twiggy Ramirez a réintégré le groupe.

La voix est toujours aussi pénétrante, l'ambiance sombre, et les morceaux tour à tour lents comme des balades nostalgiques, puissants comme des appels à la revendication, rythmés avec des influences rock et électro. Moins de sophistication, plus de simplicité, Marilyn Manson semble s'assagir, l'homme sous la couche de maquillage se dévoile, et c'est émouvant. Mention spéciale à "Four Rusted Horses", à "Arma-goddamn-motherfuckin-geddon" et au CD bonus.


mardi 26 mai 2009

"Two lovers" de J. Gray (2008)


J. Gray nous amène dans un nouveau genre, délaissant le monde du milieu et de la police pour illustrer le thème de l'amour. "Two lovers" n'est pas pour autant une comédie romantique. L'amour chez lui est tour à tour euphorisant, sombre, douloureux et cicatrisant.
Léonard après un échec sentimental dévastateur, revient vivre chez ses parents et travailler dans l'entreprise familiale, une blanchisserie. Le film débute sur une deuxième tentative de suicide sans grande conviction. Ses parents, pour le sauver, lui présente Sandra, brune, jolie, jeune fille de bonne famille, de même religion. Léonard fait alors la connaissance de sa nouvelle voisine, Michelle, blonde lumineuse, folle amoureuse d'un homme marié et de la vie nocturne. Coup de foudre pour lui, elle l'entraîne dans ses virées et sa vie privée, le considérant comme un ami intime, un frère. Léonard est ainsi tiraillée entre les souhaits de ses parents et le désir de reprendre sa vie en main en suivant son coeur, mais le destin est souvent cruel.
L'histoire est émouvante, interprétée et filmée avec beaucoup de sobriété et de subtilité, laissant un goût doux amer ; je préfère cependant le J. Gray des films précédants, plus violent, plus puissant, plus no futur.

vendredi 22 mai 2009

"Seul le silence" de R. J. Ellory (Sonatine)


Déjà la dédicace est séduisante, "Dédié à Truman Capote (1924-1984)", un de mes écrivains préférés. C'est sur la vie d'un homme, d'un écrivain, longue, emplie de douleurs et d'injustices.
Tout commence en 1939, aux Etats-Unis, en Georgie, en fond de toile l'Histoire distillée par touches pour donner des repères, car Augusta Falls, c'est vraiment l'Amérique profonde. Dans cette ville grandit Joseph Vaughan, 12 ans, pas de père, une mère effacée, fragile, qui finira internée. Joseph se réfugie dans la lecture et l'écriture, encouragée par son institutrice. Une vie en apparence morne sauf qu'à Augusta Falls, les petites filles semblent promises à ne pas grandir : on en a déjà retrouvée 2, violées, assassinées, découpées, Joseph découvre la troisième, trop d'autres vont suivre. Ces meurtres vont hanter le jeune garçon. Toute sa vie durant, il va enquêter, écrire, subir, payer, son existence tournera au calvaire.
"Seul le silence", entre thriller et roman d'apprentissage, est des plus émouvants : dans un style minutieux et posé, sur près de 500 pages le lecteur est enfermé dans son atmosphère étouffante et captivé par son histoire extrèmement noire.

dimanche 17 mai 2009

"La route" de C. McCarthy (Point Seuil)


Dévastateur ce roman de C. McCarthy! Pas de chronique de l'Amérique profonde cette fois-ci, quoi que si mais d'un autre genre, l'anticipation. Le pays qu'il décrit ici n'est que cendres, ruines et âmes errantes. Quelle apocalypse l'a détruit? Nous ne saurons pas, juste que cela fait des années qu'il en est ainsi. Le soleil ne se montre plus, du ciel seules la pluie et la neige en descendent. Et il fait toujours froid, glacial. Dans ce paysage sombre et stérile, 2 silhouettes luttent : un "homme" et son "petit". Ils sont toujours désignés ainsi, jamais nous ne connaîtrons leurs noms, seul l'amour qu'ils se portent leur permet d'avancer au jour le jour en poussant leur caddie. Parfois ils rencontrent d'autres rescapés, mais mieux vaut fuir, ce sont ou des "méchants" sans plus une once d'humanité au fond de leur coeur ou des plus désespérés qu'eux.
La puissance de l'histoire provient du style très visuel : aucun mal pour imaginer les étendues désolées, les 2 silhouettes solitaires, le tout dans un monochrome gris. Et certaines scènes font frissonner d'horeur, notamment la découverte dans une cave de survivants nus et enchaînés à la merci d'autres rescapés devenus anthopophages.
Nul doute que cette histoire n'ait séduit le 7ème Art : c'est fait, un film sortira d'ici fin 2009, réalisé par un Australien J. Hillcoat.

jeudi 14 mai 2009

"Gran Torino" de C. Eastwood


La Gran Torino, c'est le modèle que Ford sortit en 1972. Walt Kowalski en a une, et il la chérit plus que tout. Il ne lui reste que cela d'ailleurs, sa femme vient de mourir et ses enfants vivent loin. A la retraite, il n'aspire qu'à une vie tranquille et c'est vrai qu'on a plutôt envie de lui foutre la paix : ancien soldat, il a gardé de ses années de combat un racisme primaire et un caractère de cochon aigri. Et son quartier n'aide pas à l'adoucir, ses proches voisins, une famille d'asiatiques.
Bien involontairement, alors qu'il voulait juste défendre son territoire (sa pelouse en fait), il fait fuir un gang venu enrôler Thao le fils d'à côté et devient aux yeux de tous un héros, un dieu même. En remerciement, l'ado se met à son service. Et miracle, Walt Kowalski s'ouvre peu à peu, laissant tomber son masque de sale con sans pour autant devenir un papi gâteau. Il retrouve plutôt son instinct de soldat, ressort la grande artillerie et élabore un plan de risposte devant l'ennemi, la guerre à mener est désormais juste sous ses fenêtres, dans les rues de son quartier.
"Gran Torino" est différent de ses derniers films, plus sombre et violent. C. Eastwood a mis dans W. Kowalski un peu de ses personnages fétiches : il hérite de l'inspecteur Harry son côté justicier et de l'entraineur Frankie Dunn son rôle de protecteur et formateur. La fin est très lucide, ça sent le testament, j'espère cependant que C. Eastwood nous offrira encore quelques grands moments de cinéma dont il a le secret.

mercredi 13 mai 2009

"Le Prédicateur" de C. Läckberg (Actes Sud)


Dans mes souvenirs de lecture il me semblait que dans ces pays d'Europe de l'Est, il faisait toujours un temps glacial, ainsi m'avait habitué H. Mankell. Avec C. Läckberg, je découvre la Suède en pleine canicule. "Le Prédicateur" est son deuxième roman édité en France, et malgré une traduction un peu misérable, il se lit d'une traite.
Fjällbacka, petit port habituellement paisible, s'apprête à accueillir ses touristes en ce début d'été. Mais ne voilà-t-il pas que dans les falaises environnantes sont découverts 3 corps de jeune femme, et pas mortes au même moment? 2 le seraient depuis au moins 20 ans? Que de travail pour la police locale!
Patrik Hedström, l'inspecteur en charge, va passer quelques jours éprouvants à supporter les pressions hiérarchique, politique et médiatique, à gérer des enquêteurs pas toujours alertes... sans compter qu'au niveau personnel, il va bientôt être papa.
L'enquête semble toujours le ramener à une certaine famille, les Hult, bien connue pour son passé étrange et aujourd'hui divisée en 2 clans. Et quand des vacanciers viennent déclarer la disparition de leur fille adolescente s'engage un contre la montre pour sauver une vie et éviter panique et désertion touristique.
Et oui, il faut se méfier des paysages de carte postale : leurs recoins cachent des scènes de crime, leurs habitants taisent de sombres rivalités, et déterrer une tombe c'est comme déshabiller la vérité.

mardi 12 mai 2009

"Star Trek" de J. J. Abrams


Replongée en pleine adolescence avec le "Star Trek" de J. J. Abrams. De quoi être comblé. C'est à la mode de revenir aux sources, de répondre aux questions essentielles sur l'origine des héros.
Le film débute avec la naissance mouvementée de James T. Kirk au sacrifice de son père et sa jeunesse tumultueuse : le futur capitaine de l'Enterprise est une tête brulée, qui se la joue "Fureur de vivre". Pour canaliser cette énergie, un vieil ami de son père lui propose de s'engager dans Starfleet. Au cours de sa formation, il rencontre quelques têtes bien connues, et nous, nous sommes trop contents de les voir jeunes : la trop belle Uhura, le futur Dr McCoy. Les autres sont déjà à bord de l'Enterprise, J. Kirk les retrouve pour sa première mission : Sulu, Chekov et bien sûr Spock.
Ah Spock (mon chouchou), torturé par ses origines moitié humaine, moitié vulcaine, son esprit si rationnel va quelque peu se heurter au tempérament impétueux de J. Kirk. Et vi, parfois les amitiés les plus sincères commencent par une bonne bagarre. C'est ce qui est attachant dans ce film : leur rencontre, leur opposition, leur apprentissage et la naissance de leur complicité.
Sinon on retrouve tous les bonheurs de la série : la téléportation, l'espace, les méchants, les créatures étranges, l'humour... avec des effets spéciaux dépoussiérants magnifiquement les films et séries de nos années de jeunesse.

lundi 11 mai 2009

"Caprica", pilote

Quand une série s'achève, et en beauté, qu'il n'y a plus rien à ajouter, mais qu'on en veut encore, que faire? Ben revenir au début, raconter la génèse. "Battlestar Galactica" n'est plus, bienvenue à "Caprica", d'abord un pilote, puis une série pour 2010.
Nous sommes un demi siècle avant, pas encore perdus dans l'infini sidéral, sur Caprica, la planète dont on assistait à la fin nucléaire. Ce n'est pas la Terre mais cela y ressemble fortement. Avec un tantinet d'architecture futuriste en plus. Les voitures ne volent pas encore non, mais le métro est aérien et des robots domestiques vous autorisent à entrer ou non dans les maisons. Quant à la jeunesse, pas de grande différence, elle s'ennuie et s'évade dans des univers virtuels où elle partage sexe, drogue et techno. Grande place à la religion, tiens c'est une société polythéiste, et les réfractaires s'expriment par des attentats à la bombe. La violence est la même ici aussi. La série s'annonce plus drama que sf.
Et le lien avec "Battlestar Galactica"? Jusqu'au moment où sont prononcé le nom "Adama" et le mot "cylon", nous l'aurions presque oublié.
2 familles, les Graystone et les Adama sont présentées ici. Daniel Graystone, génie de l’informatique, sera l’inventeur des Cylons (Cybernetic Lifeform Nodes). Joseph Adama, avocat issu d’un milieu modeste et travaillant pour la mafia, est le père de Bill Adama, le futur amiral de la flotte. Un évènement tragique les réunit : lors un attentat suicide à la bombe, ils perdent chacun des leurs. Et pour tenter de faire revivre les êtres chers, ils font appel à la technologie, ainsi naîtra le premier cylon, le début de la fin.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore "Battlestar Galactica", c'est une bonne entrée en matière, et le temps d'en voir les 4 magnifiques saisons, peut-être que la suite de "Caprica" sera prête?

jeudi 7 mai 2009

"Le mal des vampires" de N. Spinrad (1994)


Nouvelle tirée du recueil "Vamps", "Le mal des vampires" présente ma créature de la nuit préférée dans un cadre ô combien contemporain, le New-York des années 90 et ses quartiers mal famés. Récit à 2 voix, le comte Dracula himself, et Marie, jeune junkie à la dérive.
Les premières pages sont pleines d'auto dérision : l'immortel, fatigué et affamé, contraint de fuir sa Roumanie, remet les points sur les "i" concernant son personnage. Tout y passe, la mythologie, la littérature, le cinéma... non mais, ce qu'on a pu inventer comme imbécilités sur lui!
New-York est l'endroit idéal où passer inaperçu, on y "dénombre 5 meurtres et demi par période de 24 heures", alors quelques corps exsangues de temps en temps... Mais voilà, sa première victime est accro à l'héro, et à ce sang plus très pur, Dracula va réagir étrangement. S'ensuit une love story trash et glauque, quelle sera la victime au final?
Le thème du vampire est ainsi abordé par celui de la dépendance, des dépendances : au sang, à la drogue, à l'autre. C'est drôle et horrifique, l'esthétique habituelle est écartée, ça suinte la déchéance, ah le mythe en prend un sérieux coup! C'est cool.

mardi 5 mai 2009

"Push" de P. McGuiguan


Sorti en février, passé inaperçu, plutôt boudé par la critique, "Push" est déjà tombé aux oubliettes. Surfant sur la vague ô combien déferlante des héros aux pouvoirs sidérants et paranormaux, un thème cher aux ados et aux geeks, s'il n'a pas l'envergure de ses aînés "X-Men" ou "Matrix", c'est néamoins un petit film divertissant, réservant quelques bonnes surprises.
Nous sommes à Hong-Kong, pas mal comme lieu d'action, trop de monde partout, de jour comme de nuit, l'endroit idéal pour se cacher. Car nos personnages évidemment n'ont pas une vie ordinaire, ils fuient une dangereuse agence fédérale, la Division, dont le but est de surveiller et manipuler tout individu manifestant des pouvoirs. Nous croiserons ainsi ceux qui peuvent déplacer des objets par la pensée, voir le futur dans des visions, contrôler les esprits... et aussi impressionnant que drôle, ceux qui détruisent tout par un cri. S'ensuivent un jeu de cache-cache dans les bas-fonds, entre buildings ultra modernes et quartiers populaires, et des scènes de combat où le décor en prend autant que les personnages.
Et la jolie surprise : Dakota Fanning. La blonde gamine sage comme une image s'est transformée en ado délurée et craquante, pas mal de similitudes avec la Matilda de "Léon", en plus mature.