vendredi 17 juin 2011

"Mississippi" d'H. Jordan ((10/18)

1939 en Amérique. Laura a 31 ans. Tandis que toutes ses jolies soeurs sont mariées, elle enseigne l'anglais dans une école privée pour garçons, le corps aussi vierge qu'à son adolescence. Un dimanche, son frère Teddy invite à déjeuner son nouveau patron. Ainsi Henry, 41 ans, entre dans la vie de Laura. Ils se marient, 2 filles naissent  et vivent un bonheur tranquille durant 6 ans.
Puis au lendemain de la guerre, Henry annonce qu'il a acheté des terres dans le Mississippi, tout le monde doit suivre, y compris l'acariâtre beau-papa. Le quotidien douillet de Laura s'effondre, désormais ses filles et elle pataugeront dans la boue, et vivront dans un taudis sans eau courante ni électricité. La vie est dure et nauséabonde avec pour seule aide Florence dont Henry embauche le mari Hap pour le travail aux champs. On se croirait revenu un siècle en arrière, l'Amérique s'est glorifiée avec le débarquement outre-Atlantique mais au fin fond de ses terres, ce n'est que racisme et ségrégation envers les noirs qu'elle n'a pourtant pas hésité à envoyer au front. Toute cette ambiance malsaine pèse sur Laura qui apprécie Florence.
Un jour rentrent au pays Jamie, le frère cadet d'Henry et Ronsel, le fils de Florence et de Hap. Jamie malgré ses blessures profondes est comme un rayon de soleil dans la vie de la ferme. Il boit beaucoup mais il est tellement charmeur, toutes les filles l'adorent. Pour Ronsel, le retour est terrible, il n'est plus le soldat libérateur, il est redevenu un noir dans un pays où certains enfilent une cagoule blanche quand ils n'ont pas le courage de lyncher à visage découvert. Jamie et Ronsel vont se fréquenter et personne ne verra cela d'un bon oeil.
"Mississippi" est le premier roman d'Hillary Jordan. Il est d'une force étonnante. Par son histoire bien sûr mais aussi par sa narration. Elle a choisi de donner la parole à tous ses personnages principaux, Laura, Henry, Jamie, Florence, Hap et Ronsel. Le lecteur ne peut être plus proche d'eux et s'y attacher. Néanmoins, il aurait aussi été intéressant de voir à travers les yeux haineux de Pappy, le redoutable beau-père tyrannique.
"Mississippi" est une chronique des jours ordinaires, une émouvante balade dans l'Amérique profonde des années 40.

vendredi 10 juin 2011

"Le Cimetière du Diable" (Sonatine)

Le troisième opus des aventures du Bourbon Kid est enfin arrivé. En voilà un qui ne s'assagit pas avec l'âge, toujours aussi alcoolo, teigne et impitoyable.
Planté dans le désert, dans une bourgade répondant au chouette nom de Cimetière du Diable, se dresse l'hôtel Pasadena, un gigantesque établissement (40 étages quand même!) tenu par Nigel Powell. C'est Halloween, une époque des plus fastes pour lui : il organise à cette époque un grand concours de chant "Back from the dead" qui comme son nom l'indique est sensé rendre hommage aux plus belles voix de l'Amérique (voix qui doivent se retourner dans leurs tombes devant les prestations pour la plupart calamiteuses des sosies). Officiellement le prix pour le finaliste est une grosse pluie de dollars, mais pour assurer sa prospérité, Nigel Powell s'est acoquiné avec les forces du mal, et une fois l'an il doit sacrifier une vie s'il ne veut pas voir sombrer son empire.
Cette année, les choses semblent plus compliquées. Oh les participants ne manquent pas et sont tous plus pathétiques les uns que les autres : se retrouvent des imitateurs de Kurt Cobain, James Brown, Janis Joplin, Freddie Mercury, Judy Garland... Certains ont cependant du talent. Seulement le concours est truqué, 5 finalistes sont désignés par avance et mis dans une loge à part. Mais même à 5 la concurrence est rude et rien de tel qu'un tueur à gages pour assurer sa victoire. Sauf que un se multiplie et l'hôtel Pasadena se transforme en véritable champ de massacre surtout quand le Bourbon Kid s'invite. Halloween n'aura jamais aussi bien porté son nom.
Le style de ce troisième volet est égal aux 2 autres : enlevé, frénétique et jubilatoire, avec autant de références à la pop culture américaine et c'est franchement un régal.