vendredi 20 septembre 2013

"What remains" (BBC)


Coulthard Street est une tranquille rue de Londres avec des pavillons plutôt cossus. C'est dans l'un d'eux que David Basgallop a choisi de planter le décor de sa nouvelle mini série "What remains". 5 familles peuvent y cohabiter, pour l'heure un professeur de maths aussi austère que secret, un éditeur de presse tentant de refaire sa vie amoureuse, un couple orageux de lesbiennes branchées et tout nouveaux venus, de jeunes amoureux futurs parents. Il resterait un appartement vacant depuis longtemps mais personne ne semble s'en soucier. Or une infiltration d'eau va tout bouleverser. Que découvre-t-on dans le grenier? Les restes momifiés d'une jeune femme, la dernière occupante de ce fameux appartement. Elle s'appelait Melissa Young, et en avait hérité après la mort de sa mère. C'est l'inspecteur Len Harper qui prend en charge l'enquête, le début seulement car il est au seuil de la retraite. Néanmoins, devant le vif désintérêt de ses collègues pour en apparence un suicide, il va persévérer à l'insu de tous et pénétrer dans l'intimité de ce pavillon et de ses habitants.
"What remains" est donc un huis-clos, un jeu de Cluedo. Qui en voulait à cette jeune femme trop discrète qui aurait tant voulu lier des amitiés au lieu d'être un sujet de moqueries ou une passade d'une nuit? Mais c'est aussi une peinture de société, un constat sur la solitude et l'indifférence en milieu urbain.Len Harper, esseulé dans sa nouvelle vie de retraité, perce peu à peu les secrets nichés dans chacun de ces foyers et il faut bien avouer qu'ils sont plutôt glauques ou malsains. Quant au suspens, il est pour le moins rebondissant, même si le nombre de suspects est restreint, l'assassin n'est finalement jamais celui auquel on a pensé.

jeudi 12 septembre 2013

"Lulu femme nue" d'E. Davodeau (Futuropolis)





E. Davodeau je l'aime, depuis longtemps, depuis "Le constat" sorti en 1996 chez Dargaud. J'aime ses histoires de la France profonde, ses chroniques de gens ordinaires qui dans un quotidien gris s'efforcent de trouver une note colorée aussi fugitive soit elle. Ses albums sont toujours doux amers, avec des touches d'humour, de tendresse mais sachant chatouiller les points sensibles de la société contemporaine.
"Lulu femme nue" est une petite merveille du genre, impossible à refermer avant la planche finale, j'ai bien fait d'attendre que l'histoire soit complète, 2 albums.
Lulu est mariée, 3 enfants, et après tant d'années à les élever, impossible de retrouver un emploi. Son mari Tanguy est plutôt du style Bidochon, quant aux mômes, ils n'ont plus vraiment besoin qu'on les borde le soir. Rien de bien palpitant dans la vie de Lulu donc, et le monde du travail qui ne veut lui accorder aucune chance.
Un jour, Lulu trouve le courage de faire ce que peu ferait : sur un coup de tête et au hasard d'une rencontre, elle ne rentre pas à la maison. Durant presque 2 semaines, elle va errer le long de la côte, se vider la tête, vivre des moments inoubliables, d'autres difficiles, croiser des destinées autant à la dérive qu'elle, réapprendre à rire, à aimer, à transmettre... loin de l'agitation que son escapade suscite auprès des siens et de ses amis.
C'est lors d'une soirée que toute son aventure est révélée, cela se passe chez elle, les proches sont réunis pour parler de Lulu. Cela ressemble à une veillée funèbre, avec les bons et les mauvais souvenirs, du rire et des larmes, mais qui est étendu dans la maison?
E. Davodeau offre ici un magnifique portrait de femme désabusée mais courageuse qui pourrait être notre voisine, mais présente également toute une galerie de personnages secondaires attachants, plus ou moins compréhensifs envers l'escapade de Lulu mais tous touchés par cette espèce d'appel au secours. Son trait épuré et ses couleurs douces soulignent la simplicité et l'humanité de l'histoire qui ô jolie surprise devrait l'an prochain sortir adaptée au grand écran.