dimanche 28 novembre 2010

"Kane et Abel" de J. Archer (First)

Un roman fleuve, pour les heures froides hivernales, est un des meilleurs compagnons qui soit (après la couette et une cheminée, et un amoureux bien entendu). Justement en voilà un que les éditions First ressortent des tiroirs 30 ans après sa parution : "Kane et Abel" de J. Archer.
"Kane et Abel", cela rappelle un certain épisode biblique, et bien replacez-le à une époque contemporaine, le XX° siècle, la rivalité fraternelle est toujours aussi forte.
William Kane est l'unique fils d'un riche banquier bostonien, son avenir est tout tracé : inscrit en l'état de foetus dans un prestigieux collège privé, il héritera de l'empire financier familial. Son enfance est dorée, choyé comme la huitième merveille du monde, rien ne peut faire obstacle à son ascension.
A des milliers de kilomètres de lui, le même jour, naît Abel Rosnovski dans la glaciale forêt polonaise : orphelin, il est recueilli par une famille pauvre et nombreuse, son enfance ne sera que misère, s'échappant des camps de concentrations soviétiques, il parvient après bien des péripéties à regagner le Nouveau Monde.
Leur quête commune : le rêve américain, l'un l'a a portée de main, l'autre devra lutter âprement pour en approcher. Ces 2 destinées finiront par se croiser et s'affronter sur plusieurs décennies, s'adaptant aux méandres de l'histoire (la crise économique de 29, les guerres mondiales), à coups de spéculations boursières jusqu'au jour où leurs enfants s'en mêlent.
Une saga donc, fort bien menée, avec tous les rebondissements nécessaires pour passionner et s'attacher aux personnages et nous amenant aux 4 coins du monde.

lundi 1 novembre 2010

"L'homme inquiet" d'H. Mankell (Seuil)

Kurt Walander, cela fait des années que je suis ses enquêtes, ah combien de nuits blanches ai-je veillé à suivre ses investigations, à assister à ses joies, ses peines, ses colères,  ses doutes. Et maintenant, c'est fini, "L'homme inquiet" marque le dernier opus de sa vie. H. Mankell signe ici un de ses romans les plus émouvants. Sniff, sniff, sniff, à ce point oui.
Kurt Wallander a désormais la soixantaine, proche de sa fin de carrière. Il vit maintenant à la campagne, avec un chien, au moins un rêve de réalisé. Son diabète a empiré, son quotidien est rythmé par les piqures. Bien qu'il s'efforce à marcher le plus possible, il n'est pas à l'abri d'un malaise. Sa grande joie : il est grand-père, sa fille Linda partage sa vie avec un riche financier et vient de donner naissance à une petite Klara. Il se doit donc de rencontrer les beaux-parents : Hakan von Enke est ancien capitaine de frégate, sa femme Louise professeur . L'entente est plutôt bonne. Mais un jour Hakan disparait, et quelques temps plus tard Louise. En vacances, Kurt Wallander mène sa propre enquête, et elle va l'amener à voir du pays, à la rencontre de ceux qui étaient proches du couple.
Voilà qui est inhabituel, Wallander sur une affaire en dehors de ses obligations professionnelles. Faut avouer qu'il est une peu mis à l'écart pour l'heure, une négligence étonnante de sa part (il a oublié son arme dans un restaurant) et on lui conseille de rattraper ses retards de congé. Là commence à planer une ombre inquiétante : il est sujet à des oublis. Difficile de se l'avouer à soi-même, difficile de consulter un médecin, mais oui à 60 ans c'est la vieillesse qui commence à s'emparer de soi.
"L'homme inquiet", c'est comme le testament d'un homme au crépuscule de son existence. Il revoit certains évènements de sa vie, tous les lecteurs fan de Wallander verront des allusions à ses enquêtes passées, et lui se souvient des amis qu'il a perdu, des femmes qu'il a aimé. Le passage où Baïba revient le voir est un des moments les plus émouvants du roman, leur dernière nuit ensemble, à discuter, à s'endormir chacun son tour, à veiller l'un sur l'autre jusqu'au départ sans adieu, c'est d'une beauté à pleurer.
H. Mankell ne pouvait faire plus bel hommage à un de ses personnages. C'est lent, triste et poignant, adieu cher Kurt Wallander, que tes dernières années soient douces, à regarder grandir ta petite Klara.