samedi 21 août 2010

"Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants" de M. Enard (Actes Sud)

Voilà le petit bijou de la rentrée littéraire française, le nouveau M. Enard, "Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants", titre aussi long et évocateur que le récit est bref et enchanteur.
Venise, 1506, Michel-Ange, déjà loué pour sa statue de David, et en plein projet du tombeau du pape Jules II, répond à l'appel du sultan Bajazet pour concevoir un pont à Constantinople. Qui ne laisserait pas tout tomber surtout quand des soucis d'argent stoppe sa création? M. Enard nous propose ainsi de passer quelques semaines en compagnie du génie florentin, à découvrir la splendeur de cette capitale aux portes de l'Orient, ses odeurs capiteuses, son architecture fastueuse, ses artistes raffinés. Bien que tout soit mis à sa disposition, Michel-Ange tarde à se plonger dans ce projet de pont, préférant visiter, emplir son carnet de listes et d'esquisses, se faire faire la lecture. Un pont? Mais il n'en a jamais conçu, il est sculpteur, dessinateur avant tout, pas architecte. Il attend le déclic. Il viendra, un soir où il se décide à suivre son guide, poète favori du sultan, lors de ses ivresses nocturnes dans les tavernes de la cité.
Ces quelques pages, vraiment trop peu nombreuses, sont une belle invitation au voyage, un morceau d'histoire de l'art, un pur moment de bonheur littéraire.

mardi 17 août 2010

"L.A. Story" de J. Frey (Flammarion)

"Chaque année, à huit heures du matin le deuxième samedi de juillet, des centaines de personnes se rassemblent devant une voie ferrée de Los Angeles pour montrer leurs culs aus passagers des trains qui passent." 

Selon J. Frey voici ce qui peut se passer à L.A. La cité des anges (souvent déchus) est le personnage central de son roman foisonnant. Cela fait penser au magnifique"Short cuts" de R. Altman, une histoire faite de petites chroniques : L.A. à toutes les époques, ses catastrophes naturelles récurrentes, ses vagues d'immigrants, son ascension, son développement urbain, ses infrastructures, l'envers du décor... et surtout ses habitants qui ont tous leur rêve américain. J. Frey s'attache à quelques uns, tous de milieux différents : Esperanza, jeune fille désirant faire la fierté de sa famille venue du Mexique en entrant à l'université ; Amberton, acteur star du moment dissimulant sa nature homosexuelle derrière un mariage de convenance ; Maddie et Dylan, jeune couple ayant fuit l'Ohio pour un avenir meilleur ; et Joe, sdf amoureux du Chablis et aidant les âmes à la dérive.
Cela pourrait être le manuel pour comprendre Los Angeles avec des chapitres histoire, économie, politique, sociologie, entrecoupés d'anecdotes, de portraits, le tout sur un style enlevé, très cinématographique, tour à tour acéré, drôle et tendre. Mais avec J. Frey il faut se méfier, tout n'est pas que stricte vérité, il l'avoue d'entrée :
"Il n'y a rien dans ce livre qui doive être considéré comme exact ou digne de foi."

lundi 9 août 2010

"Sherlock" saison 1 épisode 1 (BBC)


Nouvelle adaptation de la littérature au petit écran : la BBC s'attaque au mythique Sherlock Holmes, transportant le fantasque détective du Londres brumeux fin XIX°  au Londres très technologique du XXI°, et c'est sincèrement une grande réussite.
La mini série débute par la rencontre entre Sherlock Holmes, jeune détective offrant gracieusement son point de vue acéré aux autorités, et John Watson, médecin militaire de retour d'Afghanistan. L'un cherche un colocataire, l'autre un assistant. Direct présentés, direct dans le bain : des suicides un peu trop similaires et Sherlock flaire le tueur en série. L'enquête est menée avec brio, les dialogues semblent tout droit sortis de la plume de Conan Doyle, et tous les joujoux modernes comme le portable, l'ordinateur et Internet s'intègrent parfaitement dans la narration. L'on croise tous les lieux et personnages importants : le 221b Baker Street, Mrs Hudson, l'inspecteur Lestrade, Mycroft et... le Professeur Moriarty, évoqué en grandes pompes.
Le mythe est bien dépoussiéré, on est vite charmé et emporté par le tandem Sherlock/Watson, toujours aussi complémentaire et par l'enquête bien rythmée. Vivement la deuxième aventure!

jeudi 5 août 2010

"The Pillars of the Earth" saison 1 épisodes 1&2


Adapter un roman fleuve à l'écran, le défi est de taille, mieux vaut une mini série, nous voilà servis, et fort bien. Le beau cadeau nous vient de la chaîne Starz.
Nous plongeons en plein XII° siècle, en Angleterre, dans le royaume imaginaire de Kingsbridge. Les temps sont troubles, l'héritier de la Couronne vient de périr dans un naufrage, la santé du Roi ne présage non plus rien de bon, le trône est donc âprement convoité par sa fille et son neveu. Ca c'est pour la toile de fond politique. A cette époque, qui dit politique dit religion, or le prieuré aurait bien besoin d'une nouvelle cathédrale après l'incendie de son église. Là entre en scène notre héros récurent, Tom le bâtisseur, qui parcourt la campagne désespérément à la recherche d'un travail pour nourrir sa famille. Mais parmi les représentants de Dieu, les ambitions personnelles prennent aussi le dessus, certains désirent vraiment honorer le Tout Puissant, d'autres préfèrent s'honorer eux-même. La cathédrale rêvée de Tom, aux dimensions jamais encore imaginées, s'élèvera-t-elle un jour?
"The Pillars of the Earth" est donc une fresque historique, qui se veut plus divertissante que fidèle documentaire.La distribution est prestigieuse, des visages connus permettent de s'y retrouver dans la pléiade de personnages présentés dès ces premiers épisodes. C'est légèrement fouillis mais cela ne saurait durer, les intrigues deviennent vite passionnantes. Vivement la suite.

mercredi 4 août 2010

"Salt" de P. Noyce

Evelyn Salt est une très jolie femme, pas du genre blonde évaporée à s'évanouir à la moindre goutte de sang, que nenni, elle en ferait plutôt beaucoup couler. Elle est une des têtes fortes de la CIA et pour l'heure elle sort des geôles fort accueillantes de la Corée du Nord après un échange de prisonniers. La vie poursuit son cours, malgré les risques de son métier, elle concilie mariage et carrière professionnelle, adulée de tous. Un jour un espion transfuge est amené à la CIA et il dévoile une conspiration des plus inquiétantes : la Russie formerait dès l'enfance des agents dormants, implantés aux Etats-Unis pour perpétrer des actes terroristes à grande échelle. Et Evelyn Salt serait l'un d'entre eux... Oh? Stupeur, méfiance et course poursuite car Evelyn se sauve, mais pour prouver quoi? Qu'elle est un agent dormant? Un agent double?
Voilà comme se présente "Salt", le film d'action de fin d'été, et bien qu'au niveau scénario cela demeure plutôt faible, au niveau action, on est fort agréablement servi : poursuites, cascades, fusillades... et le charme d'Angelina Jolie pour envelopper le tout. De quoi se divertir et pas autre chose.