mardi 27 octobre 2009

"Dracula l'Immortel" de D. Stoker et I. Holt (Michel Lafon)


Donner une suite à un classique est plutôt risqué, les fans trouvent souvent à redire et pas toujours en bien. Cependant là je m'incline, B. Stoker ne se retournera pas dans sa tombe, sauf de joie peut-être à la lecture du roman de son arrière-petit-neveu D. Stoker, "Dracula l'Immortel".
Les héros ont 25 ans de plus et les terribles évènements qui se sont déroulés en Transylvanie ne les ont pas soudé à jamais bien au contraire. Chacun est parti vivre de son côté pour tenter d'oublier. Lord Godalming s'est retranché dans sa demeure. Le professeur Van Helsing est rentré dans son pays. Le Docteur Seward a sombré dans la morphine. Quant aux Harker, leur mariage s'est enlisé, seul leur amour pour Quincey leur fils leur permettre de vivre sous le même toit. C'est que Mina a gardé des traces bien trop visibles de sa rencontre avec Dracula, elle semble conserver une éternelle jeunesse. Quincey ne veut point suivre les traces de son père : son rêve, jouer sur les planches d'un théâtre, son idole, Basarab, le plus charismatique acteur du moment. Le rencontrer ne fait que renforcer sa détermination. Or le directeur du théâtre Lyceum, un certain B. Stoker, a écrit une nouvelle pièce, "Dracula". Qui aurait décidé de rompre le pacte de silence pour faire remonter le passé? D'autant que la mort semble frapper horriblement nos anciens compagnons avec des méthodes rappelant le grand maître des Ténèbres.
D. Stoker et I. Holt nous offrent ici une suite très sombre et désespérée. Personne n'en sortira heureux et indemne. Là c'est vraiment la fin. Et bonne idée, ils répondent à quelques questions laissées sans réponse dans le roman d'origine ( comment se sont rencontrées Mina et Lucy? Mina et Jonathan? les 3 prétendants de Lucy?) en tenant compte des notes de B. Stoker. Ils introduisent également quelques célèbres figures historique comme la comtesse Elisabeth Bathory, Jack l'Eventreur, le détective Frederick Abberline ou l'acteur John Barrymore entre autres. Oui un bel et digne hommage que voilà.

lundi 19 octobre 2009

"Boy A" de J. Crowley


Il a 24 ans et sort juste de prison pour un meurtre auquel il a participé enfant. Ce fait divers avait secoué tout le pays : 2 jeunes garçons assassinant une fillette d'à peu près leur âge. Lors du procès, il était identifié comme le "Boy A". Maintenant, une nouvelle vie s'ouvre à lui, mais le passé le hante toujours et le poids de la culpabilité est harassant. Heureusement il n'est pas seul, Terry, assistant social est là pour l'épauler : il lui trouve une nouvelle ville, un toit pour dormir, un travail. Il sera désormais Jack, qui sort bien de prison mais pour délit mineur (vol de voiture). Lentement, à tâtons, toujours sur le point de vaciller, il va peu à peu découvrir les émois du quotidien qu'il n'a pu vivre lors de son adolescence enfermée : les premiers sous gagnés, l'amitié, les tumultes de la nuit, l'amour... Terry est très fier de cette rédemption réussie, son travail c'est toute sa vie, d'ailleurs sa vie personnelle est un peu terne, il vit avec son fils (du même âge que Jack) qui aime bien s'enliser nuit et jour dans le canapé. Un fils qui aimerait bien que son père s'intéresse plus à lui et que ronge la jalousie. Aussi le jour où par hasard Jack devient un héros pour avoir sauver une petite fille, avec article élogieux dans le journal local...
"Boy A" est une petite merveille terriblement émouvante, tout en délicatesse, sur l'enfance meurtrie, la perte d'identité, la fragilité humaine et le pardon. Images magnifiques, interprétation parfaite, à voir absolument.

lundi 12 octobre 2009

"FlashForward" saison 1, épisodes 1 & 2

Hop-là, voilà du lourd venu d'Outre-Atlantique et franchement les 2 premiers épisodes sont plus que prometteurs. Si vous avez aimé "Lost" et "Fringe", vous allez adorer "FlashForward", adapté du roman de R. J. Sawyer.
Durant 2 mn 17, le monde entier s'endort profondément. Au réveil, c'est la panique totale, et oui, toute vie mécanique s'est poursuivie, les avions se sont écrasés, les voitures ont filé droit devant... Le traumatisme est d'autant plus profond que (presque) chacun a eu une vision de son futur 6 mois plus tard, et connaître le futur peut fasciner comme effrayer. Mark Benford, agent du FBI, se voit en train d'enquêter sur ce black-out, c'est lui et son équipe que la série va suivre.
On connaît le début et ce qui devrait être la fin : mais ce 29 avril 2010 se déroulera-t-il vraiment comme dans les visions de chacun? Peut-on changer le futur? Sans oublier la petite touche fantastique : quel est cet être qui sur une vidéo n'est pas comme tous les autres, endormi?
Côté casting, plein de visages familiers venus entre autres de "Lost", "Urgences", et bien sûr le très séduisant J. Fiennes en agent du FBI tourmenté.

vendredi 9 octobre 2009

"Applaudis lorsque les morts s'animent" de Z. Kovacs (ILV Edition)


Amis de la sf, voici un nouveau venu, Z. Kovacs qui vient de publier son premier roman "Applaudis lorsque les morts s'animent". Il est jeune, de Toulouse et ouvert à toute critique. Il en redemande même. Difficile, ma culture sf est minimaliste.
D'abord son bouquin en tant qu'objet. Un format "empochable" et une couverture séduisante, en noir et blanc, très underground et fidèle à l'atmosphère dans laquelle l'histoire nous plonge. Ne pas hésiter à le retourner, la photo prendra un autre sens.
Le récit maintenant : c'est une plongée dans les bas-fonds d'une ville, à la rencontre de sa faune étrange. On a plus envie de rester dans les hauteurs car en bas, l'environnement est franchement glauque et violent. Ben vi, le futur est plutôt moche. L'homme a été contaminé par un virus, ce virus le transforme en zombie. Les zones encore saines sont protégées par des filets. L'homme n'a plus grand chose de naturel non plus, son corps est implanté de programmes informatiques, plus t'es riche, plus sophistiqués sont les programmes. Et c'est pour quand ce monde meilleur?
Z. Kovacs apprécient modérément les comparaisons, cependant un tas d'images jaillissent à l'esprit : de "Blade Runner" pour l'ambiance sombre et enfumée des rues (d'ailleurs le nom d'un des perso lui rend hommage), et plus recemment de "District 9" et de "La Lignée" pour le chaos et l'impression de no futur. C'est preuve qu'un style particulier se dégage de ce récit, souligné notamment par une brochette de néologismes tout droit dirait-on venus du futur et parfaitement compréhensibles.

mardi 6 octobre 2009

"L'affaire de Road Hill House" de K. Summerscale (10/18)


En juin 1860 s'est déroulée en Angleterre une affaire criminelle qui a secoué tout le pays : le meurtre d'un enfant de la bonne société, Saville Kent, 4 ans, au sein même de la maison familiale. A l'époque ce fait divers fit couler beaucoup d'encre, pas seulement dans les journaux, dans le milieu littéraire également où le genre policier voyait le jour.
K. Summerscale qui a notamment travaillé pour l' "Independant" et le "Daily Telegraph", s'est longuement plongée dans les archives pour nous offrir maintenant "L'affaire de Road Hill House". Elle nous présente plus que les faits, elle dépeint aussi toute la société victorienne et nous ouvre les coulisses d'une grande maison, exposant au grand jour son linge sale. Et elle met en avant un nouveau type de personnage promu à un bel avenir : le détective. Ici Jack Wicher, membre de la nouvelle section d'investigation de Scotland Yard, et qui va par ailleurs inspirer le sergent Cuff de la "Pierre de lune" de W. Collins.
"L'affaire de Road Hill House" est très intéressant pour son parallélisme entre histoire vraie et histoire littéraire, en revanche, côté suspense, cela manque un peu de palpitant. Plutôt à lire avec une tasse de thé qu'avec un whisky sec.