jeudi 29 avril 2010

"Le goût des pépins de pomme" de K. Hagena (Anne Carrière)

Iris est bibliothécaire à Fribourg. A sa grande surprise, à la mort de sa grand-mère Bertha, c'est elle qui hérite de la maison familiale, située dans la campagne nord allemande, et non sa mère Christa ou une de ses tantes, Inga et Harriet. Au départ, aucune raison de garder cette vieille maison, elle prend cependant quelques jours pour régler cet héritage encombrant. Sitôt franchi le seuil, des odeurs douçâtres l'assaillent, les souvenirs affleurent, chaque pièce lui évoque un moment de son enfance. Ainsi découvre-t-on peu à peu le destin de cette famille dominée par les femmes.
"Le goût des pépins de pomme" est un délicieux récit sur le souvenir. K. Hagena écrit d'une manière très sensuelle : ses description du jardin sont fabuleuses, des odeurs nous assaillent, des images verdoyantes chatouillent l'oeil ; et ses personnages sont tour à tour drôles, tristes et émouvants. Le roman est à l'image de sa couverture, d'un charme désuet et acidulé.

mardi 27 avril 2010

"Le secret de Crickley Hall" de J. Herbert (Bragelonne)

Gabe Caleigh est ingénieur à Londres. Une de ses missions l'amène pour quelques mois hors de la capitale et hop il embarque sa femme, ses 2 filles et le chien dans une nouvelle maison en pleine campagne. Un changement de décor est le bienvenu car toute la famille traverse un drame : il y a un an disparaissait Cameron, leur adorable bambin dont le corps demeure jusqu'ici introuvable. Ne pas savoir s'il est toujours ou non de ce monde, voilà l'insupportable et chacun intériorise sa douleur à sa manière. Les voilà donc pour un temps locataires de Crickley Hall, une demeure inhabitée depuis fort longtemps, pas spécialement chaleureuse avec ses pièces fonctionnelles, seul le hall est remarquable, mais bon, un rayon de soleil et tout devrait être plus accueillant.
La première nuit n'est pas des plus paisibles, Crickley Hall est tout sauf silencieuse mais c'est souvent le cas dans les antiques maisons. Sauf qu'à voir l'attitude affolée du chien, plus d'un serait vite reparti dès le lendemain en se fiant à son instinct. Peu à peu la famille découvre la triste histoire de cette demeure, tout le monde au village la connaît : durant la Seconde Guerre Mondiale, elle servait d'orphelinat pour les enfants évacués des villes, tenue de main de fer par Augustus et Magda Cribben, frère et soeur, des fanatiques religieux, lui surtout. Mais en 1943 une inondation noie tout le village et depuis, Crickley Hall s'élève solitaire, désolée et crainte. Les lieux ne gardent-ils pas en mémoire les évènements tragiques? L'intrusion des Caleigh ne va-t-elle pas réveiller les fantômes, déranger les esprits?
Ce roman de J. Herbert ravira les amateurs de maison hantée. L'ambiance est étrange, oppressante, se dégagent des images tours à tours poétiques, glaçantes ou effrayantes. Idéal à lire la nuit bien au chaud sous au moins 3 couettes.

samedi 3 avril 2010

"Orages ordinaires" de W. Boyd (Seuil)

Adam Kindred est climatologue. Il est à un tournant de sa vie : après plusieurs années passées aux Etats-Unis il revient à Londres, dans l'espoir d'obtenir un poste à l'Imperial College. L'entretien d'embauche semble prometteur. Pour se détendre, il mange au restaurant. Par hasard il y fait la connaissance d'un autre scientifique le Dr Philip Wang. Rencontre anodine qui va bouleverser sa vie. En une soirée son existence bascule, pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, il perd tout ce qui fait de lui un honnête citoyen. Traqué par les autorités et un tueur à gages, le voilà obligé d'entrer dans la clandestinité, de se terrer dans les bas fonds de Londres. Ah il en voulait du changement! Et c'est tout un monde underground qu'il découvre et toute une faune de débrouillards qu'il côtoie alors.
W. Boyd livre avec "Orages ordinaires" une très belle histoire d'initiation, de descente aux enfers et de rédemption.