mercredi 24 février 2010

"Le visiteur du Sud" 1 & 2 de O. Y. Jin (Flblb)



Attention, énorme coup de coeur pour le manwha de Oh Yeong Jin, "Le visiteur du Sud, le voyage de Monsieur Oh en Corée du Nord".
Pourtant au premier abord le dessin n'est guère séduisant, enfantin, simpliste, impossible d'imaginer des asiatiques sous ces traits caricaturaux, mais la magie opère vite.
Oh Yeong Jin travaille dans le bâtiment en Corée du Sud. Pour améliorer sa situation, il accepte une mission de plusieurs mois en Corée du Nord et c'est le récit de son aventure qu'il nous offre. Comme lui nous découvrons un pays dont nous savons seulement qu'il vit totalement refermé sur lui-même, hostile au monde extérieur, sous régime dictatorial.
Rien que son voyage aller n'est pas des plus simples, l'obtention du visa est un véritablement marathon administratif, et ensuite pour se rendre en Corée du Nord, la frontière entre les 2 pays étant infranchissable, il faut obligatoirement passer par la Chine.
Le récit est découpé en séquences dévoilant des tranches de vie du quotidien ouvrier, et rythmé par des pages explicatives sur l'histoire du pays, comme un manuel scolaire sans le côté austère. L'oeil de l'auteur est plein de curiosité et d'interrogation, ses réflexions très fines et sensibles. C'est même parfois drôle. Cette manière naïve et touchante de découvrir et faire découvrir un monde terrible fait toute la force de ces 2 albums. A découvrir absolument.

samedi 20 février 2010

"The outsider" de G. Tanabe (Glénat)

Jolie surprise ce petit album. Déjà sa couverture, monochrome, glacée et délicieusement sinistre. Puis à l'intérieur 4 histoires dont 3 adaptations d'illustres écrivains, H-P Lovecratf, A. Tchekhov et M. Gorki, choix étonnant, nous sommes loin du manga classique.
G. Tanabe se démarque également par son dessin, détaillé et précis, son trait etant très européen. Nous passons de l'atmosphère fantastique à la tranche de vie du quotidien, et pour finir une histoire issue de son imaginaire et inspirée de la culture japonaise. A suivre ce monsieur.

lundi 15 février 2010

"Une vie chinoise 1 Le temps du père" de P. Otié et L. Kunwu (Kana)


Xiao Li naît en 1955 dans la province du Yunnan en Chine. Autant dire qu'il est destiné à être happé par l'histoire, Mao écrase tout le peuple de sa gloire, son petit livre rouge régit le quotidien. Le papa de Xiao Li est cadre du parti, sa maman ouvrière, ils ont la nostalgie des valeurs d'antan, mais "la grande révolution culturelle prolétarienne" balaye tout sur son passage. Ils assistent impuissants à l'endoctrinement de leur enfant, l'école change le petit bonhomme et cela fait froid dans le dos.
Ce premier tome suit toute l'enfance de Xiao Li, jusqu'à son entrée dans l'armée et s'achève sur la mort de Mao. C'est extrèmement précis, dévoilant tout un pan de l'histoire chinoise. L. Kunwu se fait aider par son ami scénariste P. Otié dans ce magnifique album auto-biographique, on sent la souffrance dans ces souvenirs, la sincérité mais aussi la critique. C'est que durant une trentaine d'années, il a été dessinateur de propagande. Vite la suite, que nous puissions découvrir son évolution!

jeudi 11 février 2010

"La confrérie des mutilés" de B. Evenson (Le Cherche Midi)


Détective privé, Kline se remet de sa dernière affaire qui lui a coûté l'auto amputation et auto cautérisation de sa main droite. Et vi, c'est un dur, que n'aurait-il pas sacrifié pour arrêter et tuer "le gentleman au hachoir"? Sans souci d'argent, il tente de se recréer un quotidien, d'apprivoiser sa main gauche en sortant le moins possible de chez lui, de son lit. Hélas il existe un fléau au monde moderne, ce téléphone qui ne cesse de retentir, avec au bout une étrange voix l'engageant d'office sur une nouvelle enquête. Malgré ses refus, c'est chez lui qu'on viendra le débusquer et l'amener de force au sein d'une curieuse communauté. C'est la plongée dans un univers d'illuminés, avec pour cadre une demeure austère, pour compagnons des personnages à la politesse glaciale, au physique mutilé. Kline découvre une secte avec sa hiérarchie, ses codes, ses cérémonies. Un détective, c'est curieux de nature mais ici le savoir se paie cher, un membre contre un indice.
"La confrérie des mutilés" est un récit d'une rare intensité, truffé d'humour noir, de scènes horrifiantes et frissonnantes à souhait, très imagées, avec des dialogues absurdes. Il est dingue ce B. Evenson, très différent de ses autres romans, mais ces 220 pages défilent bien trop vite.

vendredi 5 février 2010

"Daybreakers" des frères Spierig

Un vampire nommé Edward, non, rien à voir avec le chéri des jeunes filles en fleur, celui du trop lisse "Twilight", ici l'insignifiant lycéen est remplacé par un brillant hématologue, interprété par Ethan Hawke.
Nous sommes en 2019, exit la version gothique du vampire, bienvenue à une vision futuriste. Il ne reste plus sur Terre que 5% d'humains, pourchassés pour leur sang bien sûr. C'est que la pénurie se ferait sentir. Edward Dalton lui ne se nourrit que de sang animal et cherche à créer un sang synthétique pour sauver les derniers hommes. Son chemin croise celui de survivants qui détiendraient un remède permettant aux vampires de redevenir des mortels. Or Edward aimerait bien sentir à nouveau son coeur battre...
"Daybreakers" revisite le genre de manière intéressante, les rôles sont inversés, c'est le vampire qui luttent pour les mortels, sans oublier quelques scènes bien gore avec du sang et des membres partout partout et une distribution surprenante (Sam Neil à contre-emploi et Willem Dafoe en illuminé).