dimanche 23 octobre 2011

"Drood" de D. Simmons (R. Laffont)

Cela faisait fort longtemps qu'un D. Simmons n'avait point hanté mes nuits. Il a toujours l'art et la manière de subjuguer, quel que soit le genre qu'il décide de célébrer, space opéra, fantastique, thriller...
Avec "Drood", il offre un puissant hommage à la littérature. Décor : Londres. Temps : les années 1865-1870. Personnages : rien de moins que Charles Dickens et Wilkie Collins. Je n'ai malheureusement encore rien lu du légendaire premier, en revanche les romans du second, plusieurs oui. La vie de C. Dickens a inspiré de nombreux biographes, néanmoins ses dernières années peu ; c'est sur cette période plutôt laissée dans l'ombre que D. Simmons s'est plu à laisser courir son imagination débordante, en prenant pour point de départ le spectaculaire accident de train dont a été victime l'illustre écrivain en 1865.
Tout est vécu au travers des yeux de W. Collins, tout aussi prolixe mais moins reconnu que C. Dickens. Ils sont proches collaborateurs; autant amis intimes (le frère de l'un a épousé la fille de l'autre) au quotidien que concurrents admiratifs dans la vie littéraire. A noter au passage que D. Simmons retrace à merveille l'univers des écrivains à succès, les coulisses d'une revue, d'une tournée, et l'on croise furtivement quelques figures de ce temps-là.
C. Dickens a laissé un roman inachevé, "The mystery of Edwin Drood", ah Drood, c'est lui qu'a choisi D. Simmons pour bouleverser la vie de nos 2 compères. Il apparaît lors de ce fameux déraillement de train, C. Dickens le voit se pencher sur les victimes, les accompagnant au-delà de la mort, il n'a alors de cesse de le retrouver et transmet son obsession à W. Collins. C'est le début d'une poursuite dans les bas-fonds de Londres, jusqu'aux catacombes, on plonge alors dans le fantastique et les hallucinations. Faut avouer que ce cher narrateur est loin d'être du genre sobre, il a une addiction certaine au laudanum (qu'il absorbe par tasses entières) qui brouille ses pensées, ses actes et donc ses écrits. Que reste-t-il de véridique dans ce journal posthume?
"Drood" est un magistral pavé, une belle peinture du milieu littéraire à l'époque victorienne et une réflexion sur l'écrivain, son travail, ses démons intérieurs.

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