jeudi 20 août 2015

La septième fonction du langage/L. Binet (Grasset)

1980 en France, oups, cela commence à remonter pour les quadra comme moi, c'est le fin fonds de l'enfance, les premiers souvenirs sans trop avoir conscience du climat social, historique et politique d'alors. Et bien voilà une jolie piqûre de rappel savamment administrée par Laurent Binet sous forme d'une fiction aussi délirante que jubilatoire.
"La septième fonction du langage" nous entraîne dans le sillage des intellectuels, des politiciens et des agitateurs d'une France en pleine campagne électorale. Point de départ : la mort de Roland Barthes, fauché par une camionnette en février 1980. Simple et tragique accident normalement, mais sous la plume d'un écrivain pas forcément : et si?...
S'ensuivent une intrigue façon polar, avec duo d'enquêteurs improbable (un inspecteur brut de décoffrage et un jeune maître de conférence), une enquête itinérante nous menant aussi bien en Italie qu'aux Etats-Unis, une plongée dans les arcanes du pouvoir, une leçon compréhensible de linguistique (oui c'est possible) mais le plus jubilatoire, c'est la galerie de personnages rencontrés au fil des pages. Etaient-ils aussi dingues et délurés en vrai? Probablement. Outre les deux candidats à la Présidentielle, on croise en vrac Foucault, Sollers, Kristeva, Edern-Hallier, Alhusser, Lacan, Eco... et même les frères Bogdanov même s'ils ne sont pas nommés mais de suite reconnaissables à leur "costume de cosmonaute (sans le casque)".
Bref, pour une fois j'ai adoré un roman français, peut-être parce qu'il ne s'attarde pas sur le nombril d'une même personne (généralement l'auteur) (et pourquoi il est comme ci et pas autrement?) mais sur toute une époque avec son contexte intellectuel et ses troubles, car dans "La septième fonction du langage" y'a quand même plus de vrai que de fiction.

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