jeudi 24 septembre 2009

"La lignée" de G. del Toro et C. Hogan (Presses de la Cité)


Beaucoup d'encre dégouline déjà sur le roman "La lignée" co-signée G. del Toro et C. Hogan, premier volet d'une trilogie sur les vampires. Et ben franchement ça va être dur d'aller jusqu'au bout, y'a du pire comme du meilleur là-dedans. C'est un peu une lutte entre réalisateur et écrivain, et pour l'heure, cela ressemble plus à un scénario qu'a une oeuvre littéraire : pas de style, plutôt une succession d'images gore.
Passons au meilleur : la figure du vampire. Ado fleur bleue, retournez aux bouquins de S. Meyer.
Le vampire est ici tout sauf romantique et esthétique. Il vient de la nuit des temps, de l'Ancien Testament. A l'origine y'avait 7 maîtres, 6 se sont partagés l'Ancien et le Nouveau Monde, et le 7ème décide d'aller semer la terreur en Amérique de nos jours. Le bâteau étant un tantinet désuet et lent, il embarque son cercueil par avion. Ainsi débute "La lignée", comme une énigme à la "Fringe" : un Boeing atterrit, hublots fermés, communication coupée. Une équipe spécialisée dans les risques bactériologiques ne découvre que 4 survivants fort mal en point. Ils semblent rongés par un virus métamorphosant leur métabolisme. Les jours suivants, tous les cadavres disparaissent des morgues. Et de plus en plus de disparitions sont signalées. S'ensuit une course poursuite et des scènes de carnage dignes des séries B.
On découvre des vampires très proches des zombies et ils n'ont ni charisme ni canines acérées mais une espèce de langue extrèmement longue et pointue pour pomper le sang des victimes. Et le sang une fois infecté devient d'un blanc laiteux. Mais restera-t-il assez de survivants pour encore 2 volumes?

mardi 22 septembre 2009

"Night train" de B. King


A quelques jours de Noêl se déroule dans un train de nuit un conte mais pour adulte. C'est un train du style Orient Express, en moins luxueux mais avec son petit air vieillot, son wagon restaurant, son wagon salon, ses cabines couchettes et son chef. Lors d'un arrêt monte un homme, sans billet, qu'importe, y'a de la place, ce n'est pas le monde qui se bouscule, pour le moment on a vu qu'un représentant en assurance bien éméché, une jeune étudiante en médecine, une vieille dame à son chien-chien et 2 touristes asiatiques.
Ce nouvel arrivant monte dans le wagon du représentant et de la jeune fille et meurt d'une overdose de médicament et d'alcool. Or il tient dans ses mains une étrange boîte en bois. La curiosité étant un vilain défaut bien connu, chacun y regarde à travers et cherche à la convoiter. La nuit tranquille se transforme alors en une espèce de compétition à qui aura la boîte au trésor (plutôt une boîte de Pandore), chacun révélera son vrai visage et on apprendra qu'il vaut mieux se méfier de la blondeur angélique.
Huis-clos donc, avec de très jolies images façon conte de Noêl et notamment une scène de découpage de corps à la fois drôle et horrifique.

mardi 15 septembre 2009

"Public enemies" de M. Mann




John Dillinger, c'est l'Amérique des années 30, les difficiles lendemains de crise, le grand banditisme car oui le monsieur adorait s'évader de prison, piller des banques, mener la belle vie et jouer au chat et à la souris avec le tout beau tout neuf FBI. Gentleman braqueur, romantique dans ses amours et nerveux de la gâchette, voilà le personnage historique sur lequel se penche M. Mann.
"Public enemies" retrace seulement les dernières années de cette figure légendaire. Outre son histoire d'amour, le film se focalise sur la traque du FBI, les nouvelles techniques d'investigation et la tenacité de Melvis Purvis.
M. Mann dépoussière à merveille le film de gangster grâce notamment à l'utilisation de la caméra HD. L'ambiance d'époque est minutieusement reconstituée et le thème (la crise) toujours d'actualité. Joli film, beau casting, un bon moment à passer, mais rien de révolutionnaire pour autant.


mercredi 9 septembre 2009

"Vendetta" de R. J. Ellory (Sonatine)


Décidément je suis une fidèle des éditions Sonatine. Encore un thriller dévoré en quelques heures nocturnes : "Vendetta", le deuxième roman traduit de R. J. Ellory.
Tître évocateur, l'auteur nous amène dans le milieu. Ernesto Perez, malgré ses origines cubaines, s'est fait une solide réputation de tueurs à gages au service de la Cosa Nostra. Pour l'heure, c'est en Louisiane qu'il oeuvre, point d'assassinat mais l'enlèvement de la fille du sénateur Charles Ducane. Surprise, il se livre lui-même au FBI et marchande : il révélera le lieu de détention de sa captive en échange de quelques séances de confession avec la personne de son choix, Ray Hartman, un enfant du pays parti vivre à New-York. Pourquoi cet homme-là? Personne ne sait, encore moins l'intéressé. Et c'est tout un pan de l'histoire de la mafia qui nous est compté. Ernesto Perez est détestable et dangereux, mais il fascine : il se voue corps et âme pour une famille qui n'est pas la sienne, qui ne le vengera pas en raison de ses origines étrangères, mais le jour où il fonde un véritable foyer, le mot famille prend tout son sens. A laquelle rester fidèle?
R. J. Ellory alterne moment de confession et action présente, ne pas oublier que la vie d'une personne est en jeu pendant qu'Ernesto Perez prend un tranquille et vicieux plaisir à raconter sa vie. Bien sûr, on s'en doute vite, passé et présent sont intimement liés, mais la lecture n'en est pas moins captivante jusqu'aux dernières pages.

vendredi 4 septembre 2009

"The hurt locker" de K. Bigelow



"The hurt locker" marque le grand retour de K. Bigelow dans les salles obscures. Ne comprenant pas grand chose à la diplomatie internationale, le film de guerre n'est pas mon genre préféré, mais là y'a de quoi rester scotché au fauteuil. L'action se déroule en Irak, et nous suivons une unité de démineurs menée par le sergent William James, une espèce de casse-cou accro à l'adrénaline.
C'est traité de manière extrèmement réaliste (mais pas brouillonne façon reportage caméra à l'épaule, et donc chaotique), les 4 caméras filmant en simultanée nous plongent au coeur de l'action, dans la chaleur infernale d'un Bagdad dévasté, du désert, dans le suspense d'un boum imminent. Et la bande son est impressionnante : dans le lourd silence de l'attente, le mondre bruit est amplifié et joue avec les nerfs.
"The hurt locker" parle de la guerre d'Irak, mais sans théorie sur la présence américaine dans ce conflit, sans propos moralisatuer sur le bien et le mal, il s'attache essentiellement à montrer des hommes largués en pleine chaos, frôlant la mort à chaque instant.
Retour réussi Mme Bigelow!

jeudi 3 septembre 2009

"Le chant du bourreau" de N. Mailer (R. Laffont)

Gary Gilmore, né le 4 décembre 1940 et exécuté le 17 janvier 1977, une vie plutôt brève et essentiellement passée derrière les barreaux.

En 1980, N. Mailer en fait le personnage central des 1200 pages et quelques de son "Chant du bourreau", un ouvrage de "journalistic fiction" comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, un pavé magistral dans la lignée du "De sang froid" de T. Capote.
Provo, petite ville non loin de Salt Lake City, tranquille, avec une population à majorité mormonne. C'est là que vit la famille de Gary Gilmore. Justement le voilà de retour, après 13 ans de prison. Tout est réuni pour un retour à une vie normale, un toit, un travail, mais les barreaux, ça bousille un homme. Gary brûle sa liberté par les 2 bouts : il boit, il vole, il ment, seule embellie, il tombe amoureux de Nicole, 19 ans, un passé amoureux tumultueux, 2 enfants. C'est Je t'aime Moi non plus avec grands étreintes, grands cris et gros coups. Mais un jour il tue, 2 hommes en 24 heures. Retour en prison. Procès. Peine de mort. Et tout un battage médiatique pour le sauver, obtenir un sursis. Mais quitte à passer le restant de ses jours enfermé, loin de Nicole, Gary préfère mourir, il choisit d'ailleurs le peloton d'exécution. Ses derniers mots : "Let's do it".
Dans sa manière de retracer cette triste histoire N. Mailer est extrèmement minutieux et réaliste. La personnalité de Gary Gilmore est dévoilée par touches précises, un élément de son existence par-ci par-là. De même pour les autres personnages.
Le plus triste, c'est la dernière partie, quand tout le monde s'agite autour de Gary soi-disant pour le sauver. Certains le veulent vraiment, mais d'autres voient plutôt la couleur des dollars : plus il y aura de sursis, plus les avocats gagneront de l'argent, plus il y aura de suspense, plus les journalistes vendront cher leurs articles, plus les producteurs de cinéma en tireront un bon film à faire pleurer les chaumières... Et dire que Gary avait tué pour quelques billets.

mardi 1 septembre 2009

"Antichrist" de L. Von Triers


C'est sûr, "Antichrist" de L. Von Triers ne peut laisser indifférent, à moins d'être un cyber robot. L'histoire en elle-même est tragique : à la suite de la perte de leur enfant, un couple part se réfugier dans un chalet en pleine montagne pour soigner ses blessures béantes. Le mari étant psychothérapeute, il pense pouvoir aider sa femme, et ben non, ne jamais exercer ses talents professionnels sur un proche, l'issue en est fatale. Le lieu-dit se nomme Eden, autant dire qu'il va se transformer en enfer.
Durant tout le film, soit on est scotché au fond du fauteuil par l'onirisme des images : scènes filmées au ralenti, sobriété du noir et blanc pour tout le début ou douceur des couleurs ensuite, beauté inquiétante des arbres. Soit on se tortille de malaise face à la folie destructrice de cette femme-mère à la voix si douce et éraillée mais aux actes d'une si grande violence. La performance de C. Gainsbourg et de W. Daffoe est par ailleurs impressionnante.
"Antichrist" est une curiosité, avec tout l'inconscient tortueux de L. Von Triers (des messages psy et religieux plutôt obscurs), peut-être malsaine et dérangeante pour les âmes sensibles mais à découvrir au moins une fois.