jeudi 28 mai 2009

"The High End of Low" de Marilyn Manson

Retour de mon espèce d'épouvantail préféré, Marilyn Manson. 40 ans l'énergumène maintenant, et pas mal d'albums pour faire peur aux mamans, fasciner les ados goths et régaler certains fans de musique qui déménage. Voilà le nouveau, "The High End of Low", bonne nouvelle son vieux pote Twiggy Ramirez a réintégré le groupe.

La voix est toujours aussi pénétrante, l'ambiance sombre, et les morceaux tour à tour lents comme des balades nostalgiques, puissants comme des appels à la revendication, rythmés avec des influences rock et électro. Moins de sophistication, plus de simplicité, Marilyn Manson semble s'assagir, l'homme sous la couche de maquillage se dévoile, et c'est émouvant. Mention spéciale à "Four Rusted Horses", à "Arma-goddamn-motherfuckin-geddon" et au CD bonus.


mardi 26 mai 2009

"Two lovers" de J. Gray (2008)


J. Gray nous amène dans un nouveau genre, délaissant le monde du milieu et de la police pour illustrer le thème de l'amour. "Two lovers" n'est pas pour autant une comédie romantique. L'amour chez lui est tour à tour euphorisant, sombre, douloureux et cicatrisant.
Léonard après un échec sentimental dévastateur, revient vivre chez ses parents et travailler dans l'entreprise familiale, une blanchisserie. Le film débute sur une deuxième tentative de suicide sans grande conviction. Ses parents, pour le sauver, lui présente Sandra, brune, jolie, jeune fille de bonne famille, de même religion. Léonard fait alors la connaissance de sa nouvelle voisine, Michelle, blonde lumineuse, folle amoureuse d'un homme marié et de la vie nocturne. Coup de foudre pour lui, elle l'entraîne dans ses virées et sa vie privée, le considérant comme un ami intime, un frère. Léonard est ainsi tiraillée entre les souhaits de ses parents et le désir de reprendre sa vie en main en suivant son coeur, mais le destin est souvent cruel.
L'histoire est émouvante, interprétée et filmée avec beaucoup de sobriété et de subtilité, laissant un goût doux amer ; je préfère cependant le J. Gray des films précédants, plus violent, plus puissant, plus no futur.

vendredi 22 mai 2009

"Seul le silence" de R. J. Ellory (Sonatine)


Déjà la dédicace est séduisante, "Dédié à Truman Capote (1924-1984)", un de mes écrivains préférés. C'est sur la vie d'un homme, d'un écrivain, longue, emplie de douleurs et d'injustices.
Tout commence en 1939, aux Etats-Unis, en Georgie, en fond de toile l'Histoire distillée par touches pour donner des repères, car Augusta Falls, c'est vraiment l'Amérique profonde. Dans cette ville grandit Joseph Vaughan, 12 ans, pas de père, une mère effacée, fragile, qui finira internée. Joseph se réfugie dans la lecture et l'écriture, encouragée par son institutrice. Une vie en apparence morne sauf qu'à Augusta Falls, les petites filles semblent promises à ne pas grandir : on en a déjà retrouvée 2, violées, assassinées, découpées, Joseph découvre la troisième, trop d'autres vont suivre. Ces meurtres vont hanter le jeune garçon. Toute sa vie durant, il va enquêter, écrire, subir, payer, son existence tournera au calvaire.
"Seul le silence", entre thriller et roman d'apprentissage, est des plus émouvants : dans un style minutieux et posé, sur près de 500 pages le lecteur est enfermé dans son atmosphère étouffante et captivé par son histoire extrèmement noire.

dimanche 17 mai 2009

"La route" de C. McCarthy (Point Seuil)


Dévastateur ce roman de C. McCarthy! Pas de chronique de l'Amérique profonde cette fois-ci, quoi que si mais d'un autre genre, l'anticipation. Le pays qu'il décrit ici n'est que cendres, ruines et âmes errantes. Quelle apocalypse l'a détruit? Nous ne saurons pas, juste que cela fait des années qu'il en est ainsi. Le soleil ne se montre plus, du ciel seules la pluie et la neige en descendent. Et il fait toujours froid, glacial. Dans ce paysage sombre et stérile, 2 silhouettes luttent : un "homme" et son "petit". Ils sont toujours désignés ainsi, jamais nous ne connaîtrons leurs noms, seul l'amour qu'ils se portent leur permet d'avancer au jour le jour en poussant leur caddie. Parfois ils rencontrent d'autres rescapés, mais mieux vaut fuir, ce sont ou des "méchants" sans plus une once d'humanité au fond de leur coeur ou des plus désespérés qu'eux.
La puissance de l'histoire provient du style très visuel : aucun mal pour imaginer les étendues désolées, les 2 silhouettes solitaires, le tout dans un monochrome gris. Et certaines scènes font frissonner d'horeur, notamment la découverte dans une cave de survivants nus et enchaînés à la merci d'autres rescapés devenus anthopophages.
Nul doute que cette histoire n'ait séduit le 7ème Art : c'est fait, un film sortira d'ici fin 2009, réalisé par un Australien J. Hillcoat.

jeudi 14 mai 2009

"Gran Torino" de C. Eastwood


La Gran Torino, c'est le modèle que Ford sortit en 1972. Walt Kowalski en a une, et il la chérit plus que tout. Il ne lui reste que cela d'ailleurs, sa femme vient de mourir et ses enfants vivent loin. A la retraite, il n'aspire qu'à une vie tranquille et c'est vrai qu'on a plutôt envie de lui foutre la paix : ancien soldat, il a gardé de ses années de combat un racisme primaire et un caractère de cochon aigri. Et son quartier n'aide pas à l'adoucir, ses proches voisins, une famille d'asiatiques.
Bien involontairement, alors qu'il voulait juste défendre son territoire (sa pelouse en fait), il fait fuir un gang venu enrôler Thao le fils d'à côté et devient aux yeux de tous un héros, un dieu même. En remerciement, l'ado se met à son service. Et miracle, Walt Kowalski s'ouvre peu à peu, laissant tomber son masque de sale con sans pour autant devenir un papi gâteau. Il retrouve plutôt son instinct de soldat, ressort la grande artillerie et élabore un plan de risposte devant l'ennemi, la guerre à mener est désormais juste sous ses fenêtres, dans les rues de son quartier.
"Gran Torino" est différent de ses derniers films, plus sombre et violent. C. Eastwood a mis dans W. Kowalski un peu de ses personnages fétiches : il hérite de l'inspecteur Harry son côté justicier et de l'entraineur Frankie Dunn son rôle de protecteur et formateur. La fin est très lucide, ça sent le testament, j'espère cependant que C. Eastwood nous offrira encore quelques grands moments de cinéma dont il a le secret.

mercredi 13 mai 2009

"Le Prédicateur" de C. Läckberg (Actes Sud)


Dans mes souvenirs de lecture il me semblait que dans ces pays d'Europe de l'Est, il faisait toujours un temps glacial, ainsi m'avait habitué H. Mankell. Avec C. Läckberg, je découvre la Suède en pleine canicule. "Le Prédicateur" est son deuxième roman édité en France, et malgré une traduction un peu misérable, il se lit d'une traite.
Fjällbacka, petit port habituellement paisible, s'apprête à accueillir ses touristes en ce début d'été. Mais ne voilà-t-il pas que dans les falaises environnantes sont découverts 3 corps de jeune femme, et pas mortes au même moment? 2 le seraient depuis au moins 20 ans? Que de travail pour la police locale!
Patrik Hedström, l'inspecteur en charge, va passer quelques jours éprouvants à supporter les pressions hiérarchique, politique et médiatique, à gérer des enquêteurs pas toujours alertes... sans compter qu'au niveau personnel, il va bientôt être papa.
L'enquête semble toujours le ramener à une certaine famille, les Hult, bien connue pour son passé étrange et aujourd'hui divisée en 2 clans. Et quand des vacanciers viennent déclarer la disparition de leur fille adolescente s'engage un contre la montre pour sauver une vie et éviter panique et désertion touristique.
Et oui, il faut se méfier des paysages de carte postale : leurs recoins cachent des scènes de crime, leurs habitants taisent de sombres rivalités, et déterrer une tombe c'est comme déshabiller la vérité.

mardi 12 mai 2009

"Star Trek" de J. J. Abrams


Replongée en pleine adolescence avec le "Star Trek" de J. J. Abrams. De quoi être comblé. C'est à la mode de revenir aux sources, de répondre aux questions essentielles sur l'origine des héros.
Le film débute avec la naissance mouvementée de James T. Kirk au sacrifice de son père et sa jeunesse tumultueuse : le futur capitaine de l'Enterprise est une tête brulée, qui se la joue "Fureur de vivre". Pour canaliser cette énergie, un vieil ami de son père lui propose de s'engager dans Starfleet. Au cours de sa formation, il rencontre quelques têtes bien connues, et nous, nous sommes trop contents de les voir jeunes : la trop belle Uhura, le futur Dr McCoy. Les autres sont déjà à bord de l'Enterprise, J. Kirk les retrouve pour sa première mission : Sulu, Chekov et bien sûr Spock.
Ah Spock (mon chouchou), torturé par ses origines moitié humaine, moitié vulcaine, son esprit si rationnel va quelque peu se heurter au tempérament impétueux de J. Kirk. Et vi, parfois les amitiés les plus sincères commencent par une bonne bagarre. C'est ce qui est attachant dans ce film : leur rencontre, leur opposition, leur apprentissage et la naissance de leur complicité.
Sinon on retrouve tous les bonheurs de la série : la téléportation, l'espace, les méchants, les créatures étranges, l'humour... avec des effets spéciaux dépoussiérants magnifiquement les films et séries de nos années de jeunesse.

lundi 11 mai 2009

"Caprica", pilote

Quand une série s'achève, et en beauté, qu'il n'y a plus rien à ajouter, mais qu'on en veut encore, que faire? Ben revenir au début, raconter la génèse. "Battlestar Galactica" n'est plus, bienvenue à "Caprica", d'abord un pilote, puis une série pour 2010.
Nous sommes un demi siècle avant, pas encore perdus dans l'infini sidéral, sur Caprica, la planète dont on assistait à la fin nucléaire. Ce n'est pas la Terre mais cela y ressemble fortement. Avec un tantinet d'architecture futuriste en plus. Les voitures ne volent pas encore non, mais le métro est aérien et des robots domestiques vous autorisent à entrer ou non dans les maisons. Quant à la jeunesse, pas de grande différence, elle s'ennuie et s'évade dans des univers virtuels où elle partage sexe, drogue et techno. Grande place à la religion, tiens c'est une société polythéiste, et les réfractaires s'expriment par des attentats à la bombe. La violence est la même ici aussi. La série s'annonce plus drama que sf.
Et le lien avec "Battlestar Galactica"? Jusqu'au moment où sont prononcé le nom "Adama" et le mot "cylon", nous l'aurions presque oublié.
2 familles, les Graystone et les Adama sont présentées ici. Daniel Graystone, génie de l’informatique, sera l’inventeur des Cylons (Cybernetic Lifeform Nodes). Joseph Adama, avocat issu d’un milieu modeste et travaillant pour la mafia, est le père de Bill Adama, le futur amiral de la flotte. Un évènement tragique les réunit : lors un attentat suicide à la bombe, ils perdent chacun des leurs. Et pour tenter de faire revivre les êtres chers, ils font appel à la technologie, ainsi naîtra le premier cylon, le début de la fin.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore "Battlestar Galactica", c'est une bonne entrée en matière, et le temps d'en voir les 4 magnifiques saisons, peut-être que la suite de "Caprica" sera prête?

jeudi 7 mai 2009

"Le mal des vampires" de N. Spinrad (1994)


Nouvelle tirée du recueil "Vamps", "Le mal des vampires" présente ma créature de la nuit préférée dans un cadre ô combien contemporain, le New-York des années 90 et ses quartiers mal famés. Récit à 2 voix, le comte Dracula himself, et Marie, jeune junkie à la dérive.
Les premières pages sont pleines d'auto dérision : l'immortel, fatigué et affamé, contraint de fuir sa Roumanie, remet les points sur les "i" concernant son personnage. Tout y passe, la mythologie, la littérature, le cinéma... non mais, ce qu'on a pu inventer comme imbécilités sur lui!
New-York est l'endroit idéal où passer inaperçu, on y "dénombre 5 meurtres et demi par période de 24 heures", alors quelques corps exsangues de temps en temps... Mais voilà, sa première victime est accro à l'héro, et à ce sang plus très pur, Dracula va réagir étrangement. S'ensuit une love story trash et glauque, quelle sera la victime au final?
Le thème du vampire est ainsi abordé par celui de la dépendance, des dépendances : au sang, à la drogue, à l'autre. C'est drôle et horrifique, l'esthétique habituelle est écartée, ça suinte la déchéance, ah le mythe en prend un sérieux coup! C'est cool.

mardi 5 mai 2009

"Push" de P. McGuiguan


Sorti en février, passé inaperçu, plutôt boudé par la critique, "Push" est déjà tombé aux oubliettes. Surfant sur la vague ô combien déferlante des héros aux pouvoirs sidérants et paranormaux, un thème cher aux ados et aux geeks, s'il n'a pas l'envergure de ses aînés "X-Men" ou "Matrix", c'est néamoins un petit film divertissant, réservant quelques bonnes surprises.
Nous sommes à Hong-Kong, pas mal comme lieu d'action, trop de monde partout, de jour comme de nuit, l'endroit idéal pour se cacher. Car nos personnages évidemment n'ont pas une vie ordinaire, ils fuient une dangereuse agence fédérale, la Division, dont le but est de surveiller et manipuler tout individu manifestant des pouvoirs. Nous croiserons ainsi ceux qui peuvent déplacer des objets par la pensée, voir le futur dans des visions, contrôler les esprits... et aussi impressionnant que drôle, ceux qui détruisent tout par un cri. S'ensuivent un jeu de cache-cache dans les bas-fonds, entre buildings ultra modernes et quartiers populaires, et des scènes de combat où le décor en prend autant que les personnages.
Et la jolie surprise : Dakota Fanning. La blonde gamine sage comme une image s'est transformée en ado délurée et craquante, pas mal de similitudes avec la Matilda de "Léon", en plus mature.